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Libération
Résumé

Etat psychique, motif, situation administrative… Ce que l’on sait de l’assaillant de la gare de Lyon à Paris

L’homme de 32 ans de nationalité malienne, qui a blessé trois personnes samedi à Paris, a été mis en examen ce mardi 6 février pour tentatives d’assassinat et violences avec armes aggravées.
Un soldat français de l'opération Sentinelle participait à la sécurisation de la gare de Lyon, samedi 3 février. (Thomas Samson/AFP)
publié le 5 février 2024 à 19h08
(mis à jour le 6 février 2024 à 16h55)

L’homme qui a blessé trois personnes, dont une grièvement, samedi 3 février au matin en pleine gare de Lyon à Paris, a été mis en examen ce mardi 6 février. Le suspect, 32 ans et de nationalité malienne, avait été pris en charge samedi soir à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police, avant d’être remis dimanche en garde à vue. Libé fait le point sur ce que l’on sait de l’assaillant à ce stade.

Les faits

L’agression a eu lieu samedi peu après 7h30 dans la gare du XIIe arrondissement de la capitale : l’assaillant a blessé grièvement un homme de 66 ans en lui portant un coup de couteau à l’abdomen et deux coups de marteau à la tête, selon une source policière. Le pronostic vital de cet homme est «toujours engagé» lundi après-midi d’après le parquet.

Deux autres hommes, nés en octobre 1966 et février 2000, ont aussi été blessés par «des coups». L’un d’eux, touché à une main, est sorti de l’hôpital samedi soir. Le parquet a aussi évoqué lundi deux autres victimes : «Une femme née en février 1999, qui était derrière le mis en cause lorsqu’il a mis feu à son sac, et après qui il a couru» ; «un homme né en juin 1979, agent de sécurité, qui est également intervenu».

En France en toute légalité

Le mis en cause dans cette enquête ouverte pour tentative d’assassinats était «en situation régulière en Italie depuis 2016, avec un titre émis en 2019 tout à fait valable», selon les documents d’identité trouvés en sa possession, avait déclaré samedi le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez. Ce titre lui permettait de voyager en France en toute légalité. Selon les carabiniers italiens, le suspect a vécu jusqu’à 2021 dans un centre d’accueil géré par l’association catholique Agathon dans le village de Montalto Dora, au nord de Turin.

«Il est arrivé en Italie en 2016 sur une embarcation, avec d’autres migrants, à Pozzallo, en Sicile, puis a été envoyé à Turin et accueilli à Montalto Dora», confirme Nicol Alfonsi, le prêtre de la paroisse de Montalto Dora. Selon lui, le trentenaire a obtenu l’asile en 2016 et un permis de séjour en 2017. «Il a alors travaillé comme ouvrier agricole.»

Il était inconnu des services de police français comme italiens.

«Des problèmes de nature psychique»

Après son interpellation, l’homme aurait dit «spontanément» souffrir de «troubles psychiatriques» et «des médicaments» ont été retrouvés sur lui, avait déclaré plus tôt Laurent Nuñez.

Immédiatement placé en garde à vue, il a été transféré dans la soirée à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris, car l’examen de comportement avait révélé «un état psychiatrique incompatible avec la mesure de contrainte». Après 24 heures d’interruption, sa garde à vue a ensuite repris dimanche, et était toujours en cours lundi vers 16 heures.

L’homme était suivi «pour des problèmes psychiatriques mais il n’a jamais manifesté de tendances violentes», selon les carabiniers italiens. Ce que corrobore le prêtre Nicol Alfonsi : «D’emblée, nous avons compris qu’il avait des problèmes de nature psychique. Il n’était pas violent mais parfois nous le trouvions en train de faire des cabrioles dans la rue. Nous l’avons présenté à un médecin et il semble que ses problèmes psychiques viennent d’une maladie passée. Une thérapie a été prescrite et depuis il était bien.»

Le ressortissant voulait «s’en prendre à des Français»

«J’ai été stupéfait, explique le prêtre de la paroisse de Montalto Dora, parce que quand il était avec nous, il n’a jamais témoigné la moindre violence. C’était un garçon joyeux qui s’entendait bien avec ses camarades et ne se droguait pas.»

Les enquêteurs français travaillent toujours sur un compte TikTok ouvert au nom de l’assaillant, sur lequel on voit un homme noir à lunettes, barbu, cheveux ras. Sur l’une des vidéos, datée du 2 décembre, le propriétaire du compte écrit : «R.I.P. dans trois mois, qu’Allah m’accueille dans son paradis.» Dans d’autres vidéos, il exprime notamment son ressentiment à l’égard de la France, faisant référence à l’intervention militaire française au Mali.

Le parquet de Paris indique ce mardi que le ressortissant voulait «s’en prendre à des Français» d’après les premiers éléments des investigations. «Les déclarations du mis en cause, comme l’exploitation de son téléphone, ont conduit à envisager qu’il avait commis son acte pour s’en prendre à des Français, en raison de leur appartenance à la nation», a écrit dans un communiqué le parquet, qui a ouvert une information judiciaire pour tentatives d’assassinat aggravées notamment.

Le point sur l’enquête

Il été mis en examen pour tentatives d’assassinat et violences commises avec arme aggravées, a indiqué mardi 6 février une source proche du dossier, confirmée par le parquet de Paris. Le suspect a été interrogé en début d’après-midi par un juge d’instruction. Il doit désormais comparaître devant un juge des libertés et de la détention qui décidera des mesures de sûreté à son encontre, le parquet ayant requis sa détention provisoire.

Selon le préfet de police de Paris, il ne s’agirait pas d’un acte terroriste. Le Parquet national antiterroriste est en observation dans cette affaire.

Mis à jour le 6 février à 16h56 avec la mention de la mise en examen du suspect.