L’opération était donc téléguidée depuis Moscou. Les étoiles de David taguées sur des immeubles en région parisienne fin octobre, en plein conflit entre Israël et le Hamas, étaient le fruit des services de sécurité russes (FSB), a fait savoir ce vendredi 23 février une source proche du dossier, confirmant une information du journal Le Monde.
Des dizaines d’étoiles de David bleues apposées au pochoir avaient été découvertes sur des façades d’immeubles à Paris et en banlieue. Un couple de Moldaves avait été interpellé et le commanditaire présumé, un homme d’affaires moldave prorusse, identifié. La France avait condamné dès novembre une «ingérence numérique russe» en dénonçant le rôle d’un réseau russe dans «l’amplification artificielle et la primo-diffusion sur les réseaux sociaux des photos des tags représentant des étoiles de David».
Enquête
Dans une note confidentielle, révélée vendredi par Le Monde, et dont le contenu a été confirmé à l’AFP par une source proche du dossier, les services de renseignement intérieur français (DGSI) assurent que cette opération a été pilotée par le «5e département», un service chargé des opérations internationales au FSB. Cette campagne de désinformation en France est un volet d’une opération d’ingérence plus vaste menée dans plusieurs pays européens, selon Le Monde.
Toujours selon le quotidien, cette opération a débuté au printemps 2023 en Pologne, où des Moldaves, pilotés à distance par le FSB, ont mené des actions de désinformation, de surveillance et de sabotage. Des individus ont aussi relayé des slogans anti-OTAN, faisant croire que ce mouvement émanait de la société civile polonaise, ajoute Le Monde qui précise que la justice polonaise s’est saisie de plusieurs de ces dossiers. En Espagne, en juillet, des manifestations pro-russes et anti-OTAN, relayées sur les réseaux sociaux, ont aussi été relevées par le renseignement espagnol. L’Allemagne, la Roumanie ou l’Autriche, ont aussi été ciblées par cette opération, détaille le quotidien du soir.
«Actions subversives»
Dans ce contexte, la DGSI vient d’appeler les forces de l’ordre françaises à faire remonter tous les «signaux faibles» d’ingérences menées par la Russie. Dans une note datée du 14 février et consultée ce vendredi par l’AFP, les renseignements intérieurs détaillent comment les services de renseignement russes ont mis en place des «modes opératoires alternatifs» en mobilisant des «réseaux de «proxies» [intermédiaires, NDLR] dans le but de mener des activités d’ingérence».
Ces opérations se traduisent par des «actions subversives», relevant généralement de «délits de droit commun», poursuit la note, citant en exemple des «graffitis, tags, placardage d’affiches, de stickers, distribution de flyers». Les messages diffusés lors de ces opérations «visent globalement à amplifier les dissensions et les fractures internes à la société française», en exploitant tout type de sujets, de la «réforme des retraites» à la «prise de position dans le conflit israélo-palestinien» ou au «dénigrement des JO 2024», poursuit la DGSI. Voire à «soutenir ouvertement les intérêts de la Russie» en «dénonçant la politique étrangère de la France, les Etats-Unis ou l’Otan».
«Il n’est pas exclu» que des «actions de nature violente» puissent «être également commanditées», ajoutent les services de renseignement intérieur, évoquant des «menaces ou agressions physiques, notamment à l’encontre de ressortissants ukrainiens ou de dissidents russes».