La scène n’a duré qu’un peu plus de deux minutes. Elle a coûté la vie à deux agents de l’administration pénitentiaire. Trois autres sont gravement blessés, et le pronostic vital de l’un d’entre eux était toujours engagé au moment de la rédaction de ces lignes. Mardi 14 mai, peu avant 11 heures, au péage d’Incarville (Eure), un commando lourdement armé et préparé a attaqué le convoi pénitentiaire transportant Mohamed Amra. Une enquête a été ouverte par la justice spécialisée dans la lutte contre la criminalité organisée pour retrouver les auteurs des faits et l’évadé, qui étaient toujours en fuite ce mardi soir. Le drame a suscité de nombreuses réactions politiques et augure d’un vaste mouvement de protestation dans les établissements pénitentiaires de France.
Dans la grisaille normande, deux véhicules blancs passent poussivement, en direction du sud, le péage où l’A13 rencontre l’A154, à quelques kilomètres au sud de Rouen. Les gyrophares bleus du fourgon et de l’utilitaire, siglés «administration pénitentiaire», sont allumés. A bord se trouvent cinq fonctionnaires du pôle de rattachement des extractions judiciaires (Prej) de Caen (Calvados). Ils escortent Mohamed Amra, qui vient d’être interrogé par un juge d’instruction à Rouen, vers la prison d’Evreux où il est incarcéré. Ce détenu relève du niveau «Escorte 3» – le plus élevé – qui nécessite la présence d’au moins trois agents pénitentiaires lors de tels déplacements. En l’espèce, suite à une décision récente