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Interview

Eva Joly : «Une époque, inquiétante, où les puissants étaient protégés, semble enfin révolue»

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Pour l’ancienne eurodéputée, la condamnation de l’ancien président Nicolas Sarkozy est le signe «que nos institutions fonctionnent».
Eva Joly en avril 2019 à Villeurbanne. (Jeff Pachoud/AFP)
publié le 1er mars 2021 à 19h56

L’avocate, ex-magistrate et ex-député EE-LV au Parlement européen, livre à «Libération» son analyse suite à la condamnation de Nicolas Sarkozy pour «corruption» et «trafic d’influence».

Comment analysez-vous ce jugement sans précédent qui a vu Nicolas Sarkozy devenir ce lundi le premier ancien président de la Ve République condamné à un an de prison ferme pour «corruption» et «trafic d’influence» dans l’affaire dite des «écoutes» ?

Oui, Jacques Chirac avait été aussi condamné par la justice, en décembre 2011. Mais il avait été condamné à deux ans de prison avec sursis, notamment pour détournement de fonds publics, dans le dossier des emplois fictifs de la ville de Paris. Mais là, on a franchi une étape supplémentaire, avec une peine qui reflète la gravité des faits reprochés à Nicolas Sarkozy.

Un changement d’échelle ?

Le plus important, c’est que nos institutions fonctionnent. La justice, indépendante, vient de condamner un ancien président de la République, un avocat à la carrière brillante, un magistrat admiré. La justice passe et n’a pas tremblé. Il y a eu un moment de crainte après l’affaire Elf en 2002. Si d