Trois jours après l’annonce de sa disparition, un mandat d’arrêt européen a été délivré par un juge d’instruction de Valenciennes (Nord) contre le prédicateur Hassan Iquioussen. Ce dernier est considéré comme en fuite après la validation de son arrêté d’expulsion, selon plusieurs sources proches du dossier. Révélé par BFMTV, ce mandat d’arrêt européen a été lancé pour «soustraction à l’exécution d’une décision d’éloignement» (article L824-9 du code des étrangers), ont précisé des sources proches du dossier.
Le Conseil d’Etat avait donné son feu vert mardi à l’expulsion de Hassan Iquioussen (né en France il y a 58 ans mais de nationalité marocaine) dont le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait fait ces dernières semaines un symbole de la lutte du gouvernement contre les «discours séparatistes». L’expulsion de ce prédicateur du Nord, fiché S (pour sûreté de l’Etat) par la DGSI «depuis dix-huit mois», selon Darmanin, se justifiait en raison d’«un discours prosélyte émaillé de propos incitant à la haine et à la discrimination et porteur d’une vision de l’islam contraire aux valeurs de la République», selon l’arrêté d’expulsion.
«C’est compliqué juridiquement»
Mais mardi, la police ne l’avait pas trouvé à son domicile de Lourches, près de Valenciennes. Le lendemain, le préfet du Nord avait expliqué, lors d’une conférence de presse, que l’imam était dès lors considéré comme «délinquant», car en fuite. Si effectivement Hassan Iquioussen est resté en France, le motif du mandat d’arrêt est justifié, selon des sources proches du dossier. Mais, le ministre de l’Intérieur a affirmé depuis que l’imam était «manifestement en Belgique».
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Or, dans ce cas, selon des sources proches du dossier, Hassan Iquioussen est considéré comme ayant lui-même exécuté la mesure d’éloignement. Sous le coup d’un arrêté d’expulsion signé du ministre, il peut en effet quitter la France pour n’importe quel pays. Les modalités d’expulsion ne sont pas fixées dans un arrêté d’expulsion. En revanche, une obligation de quitter le territoire français (OQTF), qui n’a pas été prise à son encontre, prévoit des modalités d’expulsion vers le pays d’origine.
Si bien que ce mandat d’arrêt et son motif ne se justifient que si l’imam est en France. «C’est compliqué juridiquement», reconnaît une source proche du dossier, quand une autre a fait valoir qu’il avait fallu faire preuve «d’acrobaties juridiques pour judiciariser une poursuite contre quelqu’un sous le coup d’une mesure administrative».