Mohamed Amra doit être extrait la semaine prochaine de sa prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne) pour être interrogé à Paris, dans le bureau des juges d’instruction de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé (Junalco). Le narcotrafiquant de 31 ans est poursuivi notamment pour meurtres en bande organisée en récidive, après son évasion sanglante en mai 2024 au péage d’Incarville.
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Ce mercredi 4 juin, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué qu’il préférait que le juge se déplace plutôt que d’extraire Amra de prison. Et de décrire «des risques majeurs» : «Faire sortir des types aussi dangereux d’une prison, ce sont des risques majeurs. Il faut que nous nous y adaptions et qu’on entende soit que le juge se déplace, soit qu’il y ait une visioconférence.»
«Chaque extraction consomme des moyens du ministère de l’Intérieur – et ça coûte cher aux contribuables – mais surtout, à chaque fois, ce sont des risques et nous nous sommes battus sur la loi narcotrafic pour qu’il y ait précisément un dispositif qui rend obligatoire l’audition de ces gens - là par visioconférence», a-t-il ajouté. «C’est fondamental parce que sinon nos policiers, gendarmes, les agents de la pénitentiaire peuvent risquer leur vie», a également souligné le ministre.
Deux agents pénitentiaires tués
Lors d’une précédente extraction, en mai 2024, de Mohamed Amra, multirécidiviste déjà détenu pour d’autres affaires judiciaires, deux agents pénitentiaires avaient été tués et trois autres grièvement blessés. Celui qui est surnommé «la Mouche» avait ensuite passé neuf mois en cavale avant d’être arrêté le 22 février à Bucarest, en Roumanie.
L’extraction prévue la semaine prochaine a par ailleurs indigné les syndicats pénitentiaires. «Nous sommes outrés et scandalisés de cette extraction judiciaire», a ainsi déploré auprès de l’AFP Wilfried Fonck, secrétaire national Ufap Unsa justice. «Aujourd’hui, le magistrat décide si on doit lui présenter le détenu ou non», a pesté Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO justice, considérant que les magistrats ne prenaient pas «la mesure du danger des extractions de ce type de détenus».
Sur TF1 mardi soir, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, s’est lui dit certain «qu’il ne se passera rien». Le ministère de l’Intérieur, «qui aura la responsabilité de ce transfert, le fait dans magnifiques conditions que ce soit le GIGN ou le Raid», a-t-il martelé.