Sa voix est douce et enveloppante, de celles qui apaisent les traumatismes à vif. «Il n’y a aucune justification au viol conjugal. Quand on profite de votre état de vulnérabilité, que l’on vous drogue, c’est bien de viol qu’il s’agit, Madame.» Casque vissé sur le crâne, Leila Chaouachi, pharmacienne au centre d’addictovigilance de Paris et fondatrice du Centre de référence sur les agressions facilitées par les substances (Crafs), répond en ce début d’après-midi à son premier appel. Jeanne (1) est retraitée. Auprès de l’écoutante, elle remonte le fil des violences subies, il y a une trentaine d’années. Se dessinent alors les contours du mode opératoire : son endormissement durant des heures dès que son ex-mari lui apportait un café, son amnésie, cette certitude d’avoir été déplacée.
Le nom de Gisèle Pelicot résonne rapidement de l’autre côté du combiné. «Ce sont des choses qui ont refait surface avec l’actualité ?» s’enquiert Leila Chaouachi. Le procès a fait resurgir les traumatismes enfouis. «Elle m’a dit que Gisèle Pelicot lui a permis de mettre les bons mots sur ce qu’elle a subi», confirme l’experte, après avoir r