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Justice

Fake news transphobe contre Brigitte Macron : dix personnes jugées à Paris à partir de lundi

Agés de 41 à 60 ans, les mis en cause sont accusés d’avoir déversé des propos malveillants sur le «genre» et la «sexualité» de la première dame, selon le parquet de Paris, assimilant sa différence d’âge avec son mari à de la «pédophilie».

Brigitte Macron, le 19 septembre 2025. (Eliot Blondet/AFP)
Publié le 26/10/2025 à 17h54

Elu, galeriste, enseignant, médium, informaticien… Huit hommes et deux femmes sont jugés ce lundi 27 octobre et mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour cyberharcèlement sexiste, transphobe et complotiste à l’encontre de Brigitte Macron. Les prévenus encourent jusqu’à deux ans d’emprisonnement.

Agés de 41 à 60 ans, les mis en cause sont soupçonnés d’avoir tenu à l’égard de Brigitte Macron de nombreux propos malveillants sur son «genre», sa «sexualité», assimilant sa différence d’âge avec son mari à de la «pédophilie», selon le parquet de Paris.

L’enquête pour cyberharcèlement a été confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) après une plainte déposée par Brigitte Macron le 27 août 2024, conduisant à plusieurs vagues d’interpellations, notamment en décembre 2024 et en février 2025.

Sollicité par l’AFP, l’avocat de Brigitte Macron, Me Jean Ennochi, n’a pas donné suite, ni voulu dire si la première dame serait présente ou absente à l’audience.

Parmi les prévenus, le publicitaire Aurélien Poirson-Atlan, 41 ans, connu et suivi sur les réseaux sociaux sous le pseudonyme de «Zoé Sagan». Son compte X, suspendu depuis, a fait l’objet de plusieurs plaintes et est souvent présenté comme lié aux sphères complotistes.

Outre ses propos visant Brigitte Macron, Zoé Sagan est connu pour avoir diffusé sur les réseaux sociaux les vidéos à caractère sexuel de Benjamin Griveaux, macroniste qui avait renoncé en février 2020 à briguer la mairie de Paris pour le parti présidentiel à la suite du scandale.

Son avocat, le médiatique Juan Branco, vient toutefois d’être suspendu pour une durée neuf mois, pour avoir violé le secret de l’enquête le visant pour viol, a-t-on appris vendredi 24 octobre. Cela pourrait donc poser problème pour la comparution d’Aurélien Poirson-Atlan, voire pour la tenue de l’audience.

«Rebondir sur l’actualité»

Autre personne à être jugée : la «médium», «journaliste» et «lanceuse d’alerte» de 51 ans, Delphine J., connue sous le pseudo d’Amandine Roy. Elle a largement contribué à relayer la rumeur, selon laquelle Brigitte Macron, née Trogneux, serait en réalité une femme transgenre dont le prénom de naissance était Jean-Michel.

Delphine J. n’a fait que «rebondir sur l’actualité», selon son avocate, Maud Marian, ajoutant «que aucun message n’a directement été adressé à madame Macron». Condamnée pour diffamation en première instance en septembre 2024 par la justice française, aux côtés de Natacha Rey, à payer plusieurs milliers d’euros de dommages et intérêts à Brigitte Macron et 5 000 euros à son frère Jean-Michel Trogneux, elle a été relaxée en appel le 10 juillet dernier. Brigitte Macron et son frère se sont pourvus en cassation contre cette décision.

L’écart d’âge de vingt-quatre ans entre les époux Macron explique, en partie, la propagation de cette rumeur qui s’est exportée bien au-delà du pays. Née dès l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, l’infox transphobe est devenue virale aux Etats-Unis où le couple présidentiel a engagé cet été des poursuites contre la podcasteuse d’extrême droite Candace Owens, auteure d’une série de vidéos intitulée Becoming Brigitte («devenir Brigitte»).

Plusieurs des personnes, qui seront jugées à Paris pour cyberharcèlement, ont relayé des publications de l’influenceuse Maga. Sur la une détournée du magazine Time, où Brigitte Macron apparaît en «homme de l’année», on peut lire le mot «Excellent». Dans une autre publication, un prévenu relaie la présence de «2 000 personnes» prêtes à aller faire du «porte-à-porte à Amiens pour y voir clair dans l’affaire Brigitte», promettant l’implication de blogueurs américains.