Le corps d’Assia M. a été retrouvé lundi 13 février en plusieurs morceaux, répartis sur une distance de plusieurs centaines de mètres, au sein du parc des Buttes-Chaumont dans le nord-est de Paris. Mère de trois enfants, a priori sans histoire, la victime avait disparu depuis le 31 janvier et était recherchée par la police depuis le 6 février. Aucun indice n’a fuité pour le moment au sujet d’un éventuel suspect ou motif. Ce vendredi, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour assassinat, atteinte à l’intégrité d’un cadavre et recel de cadavre.
Qui est la victime ?
Son nom circulait déjà depuis plusieurs jours sans que l’on ne puisse certifier qu’il s’agissait bien d’elle. C’est finalement le Parisien qui a évoqué son identité mercredi soir, avant qu’une source proche du dossier ne confirme à son tour auprès de Libération.
La victime se nommait Assia M. et était la mère de trois enfants de 8, 14 et 17 ans. D’origine algérienne, cette femme de 46 ans habitait avec sa famille à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Soit à 5 kilomètres du parc des Buttes-Chaumont où des parties de son corps ont été retrouvées.
Que s’est-il passé le 31 janvier ?
Le mari d’Assia M., Youcef M., a donné mercredi 15 février un entretien à RTL dans lequel il donne sa version de la disparition de son épouse. Celui-ci raconte depuis son appartement dans une barre d’immeubles d’une cité de Montreuil que le mardi 31 janvier, sa femme a quitté le domicile familial pour prendre les transports en commun. Selon lui, Assia M. avait l’habitude d’aller dans des braderies pour acheter des vêtements avant de les revendre. Le mardi 31 janvier est un jour de grève nationale, Youcef M. assure être donc resté à la maison pour s’occuper des trois enfants qui sont tous les trois scolarisés à Paris mais n’avaient pas école. Le soir, il ne la voit pas rentrer alors il s’inquiète, la recherche en vain.
Ce n’est que lundi 6 février, soit six jours après, que Youcef M. signale la disparition de son épouse au commissariat de Montreuil.
Il finit par diffuser un avis de recherche le 9 février sur les réseaux sociaux, via une association. Sur Facebook, l’annonce stipule qu’Assia M. aurait disparu «vraisemblablement le mardi 31 janvier 2023 au matin. Depuis, elle n’a plus donné signe de vie. Sa famille est inquiète. Assia mesure 1m60, est de corpulence moyenne, a les cheveux bruns et mi-longs, a les yeux noirs», pouvait-on lire sur la publication de l’association. La quadragénaire avait en sa possession sa pièce d’identité mais «sa carte de transport, sa carte bancaire ainsi que son passeport [étaient] restés au domicile».
Le lundi 13 février, les policiers annoncent à Youcef M. que le corps démembré retrouvé dans le parc des Buttes-Chaumont est bien celui de sa femme.
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Où en est l’enquête ?
Des agents du parc ont découvert lundi en début d’après-midi le buste d’une femme, dissimulé sous un tas de feuilles, emballé dans un sac plastique. Pendant deux jours, les enquêteurs de la Brigade criminelle de la police judiciaire de Paris et du Groupe de soutien opérationnel (GSO) de la préfecture de police ont ratissé les quelque 25 hectares des Buttes-Chaumont et le lac qui se trouve au milieu du parc. Jusqu’à retrouver de nouveaux restes de la dépouille – une tête emballée dans plusieurs sacs-poubelles – le mardi vers 11 heures, le long de la voie ferrée jouxtant le parc.
Après l’identification de la dépouille réalisée grâce à l’analyse de ses empreintes digitales, le mari a été entendu mardi 14 février par les enquêteurs et le domicile familial a été perquisitionné.
Dès la veille, le parquet de Paris précisait «qu’à la suite de la découverte d’une partie du corps d’une femme dans un bosquet du parc des Buttes-Chaumont par des agents d’entretien des espaces verts, une enquête a été ouverte du chef d’assassinat». Ce vendredi, les investigations ont été confiées à un juge d’instruction, selon une information de l’AFP issue du Parquet de Paris. Ainsi, une information judiciaire pour assassinat, atteinte à l’intégrité d’un cadavre et recel de cadavre a été ouverte par le parquet.
Quelles sont les pistes ?
C’est ici que se situe la grosse difficulté. Tout semble compliqué. Selon le mari d’Assia M., celle-ci n’avait «pas d’ennemi». «A-t-elle fait une mauvaise rencontre ? Si oui, qui a bien pu lui faire du mal ?» Pas de suspect, pas de motif.
Et un mode opératoire surprenant : pourquoi disperser des parties du corps de la victime dans l’un des parcs les plus fréquentés de la capitale ? Les résultats de l’autopsie, qui a eu lieu mercredi, donneront des débuts de réponses.
Mis à jour le vendredi 17 février avec l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet de Paris.