Menu
Libération
Fait divers

Femme séquestrée en Loire-Atlantique : ce que l’on sait de la victime et des deux mis en examen

Soupçonnés d’avoir retenu une femme à leur domicile pendant cinq ans, une femme de 60 ans et un homme de 82 ans ont été mis en examen pour «séquestration avec torture ou actes de barbarie». Le point sur les trois protagonistes de cette affaire.

Devant la maison où la quadragénaire a été séquestrée pendant cinq ans, toujours occupée par l'un des deux mis en cause, à Saint-Molf, le 22 octobre. (Sebastien Salom-Gomis/AFP)
Publié le 24/10/2025 à 19h07

La séquestration a duré cinq ans, selon les premières explications de la victime aux gendarmes. Le 14 octobre, à Saint-Molf (Loire-Atlantique), une femme de 45 ans est parvenue à se soustraire à la surveillance de ses supposés geôliers, une aide-soignante de 60 ans et un homme de 82 ans, pour aller trouver refuge chez une voisine. La sexagénaire et l’octogénaire ont été mis en examen, notamment pour «séquestration avec torture ou actes de barbarie», a annoncé mercredi 22 octobre le parquet de Nantes.

«Fragile psychologiquement», la victime a dénoncé des traitements dégradants et des «violences» ayant eu lieu dans un petit pavillon du hameau de Kerudal.

Une victime elle aussi aide-soignante

Elle avait «disparu des radars», d’après un communiqué du parquet de Nantes. Née en décembre 1980, cette femme de 45 ans avait commencé à vivre dans ce pavillon avec la sexagénaire mise en cause, «en colocation». D’après les premiers éléments dévoilés par le procureur, c’est «à partir du moment où l’homme était venu vivre au domicile» qu’elle a été contrainte de vivre dans des conditions indignes. Dans une tente dans le jardin ou enfermée dans un garage dont la porte était «bloquée depuis l’extérieur par des parpaings». Elle aurait ainsi dû dormir sur un transat, «faire ses besoins naturels dans un pot et des sacs en plastique et manger de la bouillie mélangée à du liquide vaisselle».

Selon le parquet, elle n’avait plus donné de trace de vie depuis 2022. Date à laquelle son compte en banque ne connaît plus aucune activité : «Les derniers mouvements bancaires correspondant à des virements sur le compte de la mise en cause.»

Personne ne semble s’être inquiété de sa disparition : sur Facebook, son profil est inactif depuis janvier 2020, a constaté Libé. Elle y avait par exemple posté son diplôme d’aide-soignante obtenu un mois plus tôt. D’après plusieurs de nos confrères, la victime aurait pu rencontrer la mise en cause de 60 ans à l’hôpital intercommunal Guérande-Le Croisic : la geôlière et sa victime avaient le même métier.

Elles ont en tout cas travaillé au même endroit, comme l’indique ce vendredi un succin communiqué publié par l’établissement de santé. Il fait état des «récents événements survenus à Saint-Molf, mettant en cause deux professionnels ou anciens de santé». Le directeur de l’hôpital avait plus tôt expliqué à Ouest-France que la victime ne faisait plus partie des effectifs «depuis un certain nombre d’années», sans plus de précisions.

Des geôliers aux motivations encore floues

La femme mise en cause a 60 ans et est originaire de la Sarthe. Déférée au parquet le 17 octobre, elle a été placée en détention provisoire. Elle avait intégré les effectifs de l’hôpital intercommunal en 2018, au sein d’un pool de remplacement – pour venir prêter main-forte à différents services – d’après Ouest-France. Plusieurs de ses collègues en ont parlé à la presse comme d’une personne affable. Certains ont d’ailleurs publié des commentaires sur les réseaux sociaux en évoquant «une super professionnelle».

Locataire du pavillon, la sexagénaire aurait par ailleurs un gros retard d’impayés de loyer. Selon le maire de Saint-Molf, les services sociaux de la commune ont reçu «un document sur une procédure d’expulsion potentielle» en juillet. 14 932 euros d’arriérés en date de fin juin 2024, a précisé Hubert Delorme.

L’homme de 82 ans, lui, serait arrivé dans un second temps dans le logement. Sans qu’on ne sache pour l’instant pour quelle raison. Egalement déféré le 17 octobre, il a été laissé libre par la justice et placé sous contrôle judiciaire. Depuis, il est retourné vivre dans le hameau de Kerudal. Plusieurs fois sollicité par Libé, il a refusé de s’exprimer et reste cloîtré derrière des volets fermés.

Derrière sa porte close, il avait néanmoins répondu brièvement à quelques questions de journalistes. La femme qui habitait avec lui était une «amie» et la victime une «personne qui travaillait avec elle», avait-il expliqué. «Elles se sont embrouillées toutes les deux et puis ça a pris des proportions…» a-t-il ajouté. Avant de conclure : «C’est grave».

Les liens entre la victime et les deux mis en examen restent à ce stade encore flous. L’enquête se poursuit sous l’autorité d’un juge d’instruction nantais.