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Festivités

Fête de la musique : 371 interpellations dans toute la France et 145 personnes se disant victimes de «piqûres sauvages»

«Certaines victimes ont été prises en charge dans des hôpitaux afin de subir des analyses toxicologiques», indique le ministère de l’Intérieur.
Un concert en plein air pour la Fête de la musique à Clermont-Ferrand, le 21 juin 2025. (Romain Costaseca/Hans Lucas.AFP)
publié le 22 juin 2025 à 12h23
(mis à jour le 22 juin 2025 à 14h15)

305 gardes à vue partout en France à l’issue de la Fête de la musique. C’est le bilan communiqué par le ministère de l’Intérieur ce dimanche 22 juin, au lendemain d’une nuit de festivités. Dans le détail, 371 personnes ont été interpellées (326 en 2024) au cours de la soirée, dont 89 à Paris (103 en 2024), pour différents délits potentiels. Treize membres de forces de l’ordre ont été blessés (20 en 2024), 14 participants aux festivités ont été blessés grièvement et 1 477 légèrement. Selon un décompte des sapeurs-pompiers, il y a eu 51 feux de véhicules et 39 feux sur la voie publique.

A Paris, le parquet recensait dimanche à midi «une centaine de gardes à vue» essentiellement pour «violences volontaires, notamment sur (personne dépositaire de l’autorité publique), vols, ports d’arme prohibé, dégradations volontaires, vente à la sauvette». Le quartier des Halles, dans le centre, «a été particulièrement problématique» avec un «public hostile et deux tentatives de pillage de magasins (Nike et Sephora)», a détaillé le parquet.

Un jeune de 17 ans blessé à l’arme blanche

Dans ce contexte d’«affluence inédite dans Paris avec une foule considérable principalement sur le secteur canal Saint-Martin et le centre de Paris», cinq personnes, âgées d’une vingtaine d’années et de 31 ans, ont été placées en garde à vue dimanche au petit matin pour avoir, avec un quad, trainé un policier sur une dizaine de mètres après un refus d’obtempérer dans le Ier arrondissement. Un mineur de 17 ans a été hospitalisé avec un pronostic vital engagé après avoir «été retrouvé assis, blessé au bas ventre à l’arme blanche sur la voie publique» dans le XIXe arrondissement et un sans-abri de 50 ans a été retrouvé mort sur le parvis du centre Pompidou, samedi vers 22 heures, «des seringues usagées (...) à proximité».

La soirée a été également marquée par la manifestation de nombreuses femmes auprès des services de police en métropole et en outre-mer, disant avoir été victimes de piqûres sauvages. Dans la nuit et à la suite de publications sur les réseaux sociaux avertissant que des hommes allaient «attaquer et piquer des femmes lors de la Fête de la musique», elles sont 145 à avoir dénoncé de possibles attaques. La préfecture de police de Paris a relevé 21 cas sur sa zone en Ile-de-France, dont 13 à Paris.

Des enquêtes mais un grand flou

«Certaines victimes ont été prises en charge dans des hôpitaux afin de subir des analyses toxicologiques», a indiqué le ministère de l’Intérieur. Douze personnes, soupçonnées d’être les auteurs de piqûres, ont été interpellées, selon le ministère. A Angoulême, par exemple, quatre personnes ont été interpellées mais, «faute de preuves suffisantes», selon le procureur dimanche soir, cité par France 3, «les gardes à vue ont été levées pour les quatre individus».

En 2022, de nombreuses personnes avaient affirmé avoir été piquées dans des établissements nocturnes ou en festival. Des traces sur les fesses, une jambe ou un bras, détectées parfois au lendemain de la fête et attestées par des médecins, ont très vite ravivé la crainte de la «soumission chimique», un terme utilisé par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), pour décrire «l’administration à des fins criminelles (viols, pédophilie) ou délictuelles (violences volontaires, vols) de substances psychoactives à l’insu de la victime ou sous la menace».

Au 6 mai 2022, près d’une centaine de plaintes en lien avec ces «piqûres sauvages» ont été déposées à Nantes, Grenoble, Béziers, Rennes ou encore Toulouse. Mais les enquêtes ouvertes par les parquets, comme l’avait raconté Libération, laissaient demeurer un grand flou. Ni seringue ni suspect n’ont été retrouvés ; les analyses toxicologiques réalisées sur le corps des victimes, elles, sont toutes négatives, y compris lorsqu’elles ont été réalisées dans les délais de détection des substances toxiques.

Mise à jour à 15 h 15 avec davantage d’éléments sur les violences à Paris ; ce lundi 23 juin à 9 h 05 avec la levée des gardes à vue à Angoulême.