Il faut tendre l’oreille, pour saisir les maigres réponses du prévenu aux questions de la cour d’appel d’Angers, ce jeudi 22 juin. L’homme aux lèvres fines, presque invisibles, n’est de toute façon pas là pour pérorer. Il l’a dit et répété à chaque fois qu’un enquêteur ou un magistrat l’a interrogé : il n’est «pas un militant», ne se rêve pas «égérie d’une cause», celle de la légalisation de l’euthanasie. Le vétérinaire de 62 ans, qui tient à la discrétion, serait même bien embêté si jamais quelqu’un venait à lui demander son avis sur le sujet de la fin de vie, tant il lui semble «compliqué» et «éminemment individuel». Pourtant, au printemps 2019, après une première objection et quelques jours d’hésitation, il a fini par accepter de fournir à l’un de ses amis atteint de la maladie de Charcot une fausse ordonnance, afin qu’il puisse se procurer des médicaments létaux. Lui arrive-t-il de le regretter ? «Jamais». A la barre, quasi immobile dans son costume bleu, bras fermement croisés, il écoute calmement la présidente exposer les faits.
A la barre
Fin de vie : devant la cour d’appel d’Angers, «n’y a-t-il de place dans le droit pour la volonté des hommes ?»
Article réservé aux abonnés
Jugé en appel le 22 juin, le vétérinaire avait été relaxé en mai 2022, en première instance, par le tribunal correctionnel d’Angers. (Jean-Sébastien Evrard/AFP)
par Juliette Delage
publié le 23 juin 2023 à 12h05
Dans la même rubrique