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Justice

Financement libyen : Sarkozy entendu par un juge d’instruction sur la rétractation de Takieddine

L’ancien président de la République est au tribunal judiciaire de Paris ce mardi 3 octobre, suspecté d’avoir donné son aval ou laissé faire plusieurs protagonistes qui auraient tenté d’escroquer la justice pour le disculper.
Nicolas Sarkozy au Parc des princes à Paris, le 19 septembre 2023. (FRANCK FIFE/AFP)
publié le 3 octobre 2023 à 10h22

Il doit commencer à bien connaître le chemin. Nicolas Sarkozy est arrivé ce mardi 3 octobre au matin au tribunal judiciaire de Paris, pour être entendu par un juge d’instruction dans l’enquête sur la rétractation par l’intermédiaire Ziad Takieddine de ses accusations de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.

«Nicolas Sarkozy est actuellement entendu en interrogatoire de première comparution par les magistrats instructeurs dans le cadre de l’information judiciaire ouverte en mai 2021» après la rétractation de Ziad Takieddine, a confirmé une source judiciaire. «Sa convocation porte sur les chefs de recel de subornation, association de malfaiteurs en vue de la préparation d’escroqueries en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de la corruption de personnels judiciaires étrangers», a précisé cette source.

L’ex-chef de l’Etat est suspecté d’avoir donné son aval ou laissé faire plusieurs protagonistes qui auraient tenté d’escroquer la justice pour le disculper dans le dossier libyen, qui sera lui jugé début 2025. A l’issue de son interrogatoire, le magistrat pourrait le mettre en examen ou le placer sous le statut plus favorable de témoin assisté, qui lui donne un accès au dossier tout en excluant un procès le concernant.

L’ex-chef de l’Etat a fermement réfuté toute participation aux faits incriminés pendant douze heures d’audition mi-juin devant les enquêteurs financiers de l’Office central contre la corruption (OCLCIFF).

Volte-face, Kadhafi et «Mimi» Marchand

L’affaire porte sur trois épisodes. D’abord deux qui se sont déroulés fin 2020 : une interview volte-face du sulfureux intermédiaire franco-libanais à Paris Match et BFMTV, puis une lettre adressée aux magistrats instructeurs français. Les enquêteurs ont récemment chiffré à au moins 608 000 euros le montant de cette opération présumée.

Un troisième temps, début 2021, aurait également visé à obtenir une preuve que le retentissant «document libyen», publié dans l’entre-deux-tours de la présidentielle 2012 par Mediapart et évoquant un financement de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy à hauteur de 50 millions d’euros, était un faux. Ou encore à obtenir la libération d’un fils Kadhafi, détenu au Liban, dans l’espoir que la famille du défunt dictateur libyen facilite la mise hors de cause de Nicolas Sarkozy.

Outre Nicolas Sarkozy, la justice soupçonne au moins huit protagonistes d’avoir participé, à des degrés et moments divers, à cette opération. Michèle Marchand, dite «Mimi» Marchand, figure de la presse people, est parmi les mis en cause.

Mise à jour : à 10 h 49, avec davantage de contexte.