En cavale depuis l’attaque d’un fourgon en Normandie ce mardi matin, le détenu évadé et les auteurs de l’opération – qui ont tué deux agents et en ont blessé trois – sont activement recherchés par les forces de l’ordre. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé sur X que 200 gendarmes étaient mobilisés dans le cadre d’un plan «Epervier» déclenché ce mardi. Mais qu’est-ce que ce dispositif ?
Epervier, Milan ou Hibou
Ce plan, qui tire son nom du rapace, est utilisé en cas d’enlèvement, d’évasion ou lorsqu’il faut rechercher un ou plusieurs individus dans une zone territoriale sur laquelle exerce la gendarmerie. C’est le commandant du groupement de gendarmerie du département qui déclenche le dispositif, comme ce fut le cas dans l’Eure ce mardi. Si le protocole «Epervier» est enclenché en plein jour, on parlera d’un plan «Milan», s’il l’est en pleine nuit, on évoquera le plan «Hibou». Le dispositif peut être déployé pour une durée de 1 à 4 heures et peut être renouvelé au besoin.
L’ampleur du plan est à la discrétion du responsable départemental de la gendarmerie. Les forces mobilisées quadrillent et cloisonnent un périmètre défini. Des nœuds de circulation routière, des barrages filtrants peuvent être mis en place dans le but d’intercepter les malfaiteurs. Autour du péage d’Incarville où s’est déroulée l’attaque, deux cents gendarmes (principalement de l’Eure, de la Seine-Maritime, du Calvados et des Yvelines) ont été déployés. Aucun barrage ou contrôle des forces de l’ordre n’était visible mardi après-midi entre le péage d’Incarville et Houetteville, selon le correspondant de l’AFP présent sur les lieux. Le plan prévoit également la possibilité de faire appel à des moyens régionaux pour déployer des unités spéciales comme une brigade cynophile ou des hélicoptères. Dans l’Eure, un hélicoptère a été mobilisé pour participer aux recherches, tout comme le GIGN.
Un plan activé pour les frères Kouachi ou Rédoine Faïd
Ce plan a été utilisé récemment pour retrouver des voleurs de voitures, le 30 avril dernier dans les Deux-Sèvres ou le 10 août 2023 dans la Drôme. Il a surtout été utilisé pour retrouver des grandes figures criminelles ou dans le cadre d’opération antiterroriste. En septembre 2009, le plan Milan avait été activé dans l’Yonne pour Jean-Pierre Treiber, l’unique suspect des meurtres de la comédienne Géraldine Giraud et de son amie Katia Lherbier en 2004, qui s’était évadé de sa geôle dans la prison d’Auxerre. En 2013, c’est pour retrouver l’islamiste Said Arif qui avait enfreint sa condamnation à résidence que le protocole avait été activé.
Après les attentats contre Charlie Hebdo en janvier 2015, le dispositif avait été déclenché pour traquer les terroristes, les frères Kouachi. Ils avaient été retrouvés au lendemain de l’attentat, cachés dans une imprimerie à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) avant d’être abattus par le GIGN. Egalement activé lors de la traque du braqueur Rédoine Faïd en 2018, le plan «épervier» avait permis de retrouver l’évadé au bout de trois mois de cavale dans un appartement de Creil dans l’Oise.