Le 24 août, lorsque Libération l’a rencontré pour évoquer ses souvenirs du 13 novembre 2015, son irruption dans le prétoire lui paraissait encore bien abstraite. François Hollande rentrait de vacances, hâlé et flanqué de son rondouillet labrador noir, avec une simple case cochée dans son agenda : mercredi 10 novembre, 12h30. Une de nos premières questions avait été de savoir s’il projetait ce moment particulier, inédit dans l’histoire judiciaire du pays, d’un ex-Président de la République cité comme témoin d’une audience disséquant un crime de masse. «Pas encore», avait-il éludé, rétif à mentaliser sa déposition, et le face-à-face toujours très organique avec les accusés, présents physiquement à quelques mètres.
Sur le fond, la venue de François Hollande au procès est loin de faire consensus. L’ancien chef de l’Etat a répondu positivement à la demande formulée par l’association de victimes Life for Paris, soucieuse d’associer l’ex-mandature suprême à la polyphonie des voix qui doivent concourir à la réparation du pays. Selon d’autres acteurs, notamment des avocats de la défense, sa présence participe au contraire d’un certain «folklore» et d’une «pipolisation» du procès pénal, Hollande chauffant de surcroît la place à d’autres sommités, tell