Tracfin, l’organisme de Bercy chargé d’accueillir et traiter les déclarations de soupçons, principalement en matière de blanchiment, de fraude, plus rarement sur le financement du terrorisme, a publié ce vendredi 13 juin son bilan annuel pour l’exercice 2024. Pour la première fois, le cap des 200 000 déclarations a été franchi l’an dernier (215 410, en hausse de 13,2 %). Parmi les structures privées ou publiques assujetties à cette obligation déclarative en cas de soupçons, le secteur financier – en particulier les banques – vient tout naturellement en tête, avec 93,1 % des saisines de Tracfin. Avec pour la première fois, signe des temps, des alertes visant les cryptomonnaies.
Le secteur non financier s’est un peu réveillé, avec une hausse de 25,7 % des alertes, mais sa part dans le tout reste marginale (6,9 %). Eternel dernier de la classe, les agents de joueurs, principalement de footballeurs, avec un nouveau zéro pointé. Ils sont pourtant assujettis aux déclarations de soupçons depuis 2010. Tracfin s’en étonne, voire s’en agace, «déplore une carence déclarative dans un secteur manifestement exposé aux fraudes». Et d’enfoncer le clou du foot business, avec ses «multiples risques, tels que la fraude fiscale, la corruption, le trafic d’êtres humains ou encore la manipulation des compétitions». En 2029, les clubs européens seront à leur tour assujettis à la déclaration de soupçons, en raison de «la prévalence des transactions transfrontières et des structures de propriété parfois opaques.»
En queue de classement, on retrouve également les 75 000 avocats, avec quinze petites saisines de Tracfin, mais on sait la profession profondément rétive à trahir les secrets de sa clientèle. Dans la catégorie peut mieux faire, le secteur de l’immobilier, pourtant classé à «risque global élevé en matière de blanchiment». Tracfin estime que les 514 déclarations effectuées l’an dernier «restent insuffisantes au regard des 750 000 transactions immobilières en 2024.» Même le secteur des casinos et clubs de jeux en ligne fait mieux (4 330). C’est dire…