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Libération
Rétropédalage

Future prison en Guyane : sous le feu des critiques, Gérald Darmanin nuance ses annonces

En déplacement en Guyane, le garde des Sceaux a été forcé ce lundi 19 mai de clarifier son projet d’ouverture d’un quartier de haute sécurité dans la future prison de Saint-Laurent-du-Maroni.
Gérald Darmanin en visite à la prison de Remire-Montjoly dans le Sud de la Guyane, le 19 mai 2025. (Ronan Lietar/AFP)
publié le 19 mai 2025 à 22h16

Face à la levée de boucliers qui a suivi ses premières déclarations, le Garde des Sceaux a tenté d’éteindre la polémique autour de sa nouvelle prison aux allures de «bagne». En déplacement en Guyane, Gérald Darmanin a donc clarifié ce lundi 19 mai le projet d’ouverture d’un quartier de haute sécurité dans la future prison de Saint-Laurent-du-Maroni, prévue d’ici 2028.

Samedi, un article du JDD a révélé que cet établissement de 500 places pourrait accueillir des narcotrafiquants, des fichés S et des détenus radicalisés. De quoi laisser entendre que certains pourraient être transférés depuis la France hexagonale.

Auprès de l’hebdomadaire, le ministre de la Justice avait affirmé qu’il souhaitait que cette prison «serve à éloigner durablement les têtes de réseau du narcotrafic» dans la mesure où «ils ne pourront plus avoir aucun contact avec leurs filières criminelles».

Un «retour du bagne» dénoncent des élus locaux

L’annonce a suscité de vives critiques à Saint-Laurent-du-Maroni, deuxième ville de Guyane et ex-colonie pénitentiaire, frontalière avec le Suriname. Plusieurs élus locaux et la collectivité territoriale de Guyane ont dénoncé un projet évoquant un «retour du bagne».

Rétropédalage du ministre : en marge de sa visite du centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly, seule prison de Guyane, Gérald Darmanin a assuré ce lundi que ce quartier de haute sécurité , le troisième de ce type annoncé en France pour accueillir les prisonniers les plus dangereux, n’aurait pas vocation à accueillir des détenus venus de l’Hexagone. «Il y a très largement de quoi faire parmi la délinquance, la criminalité en Guyane et aux Antilles», a-t-il assuré aux journalistes. Ce quartier sécurisé comprendra «une soixantaine de places» destinées à «isoler totalement ces narcotrafiquants de Guyane et des Antilles», a-t-il encore précisé.

L’installation d’une prison à Saint-Laurent-du-Maroni est un projet ancien en Guyane, dont l’ouverture était initialement prévue en 2026. Présenté «au cœur de la jungle amazonienne», le site retenu se situe en réalité à quelques kilomètres de Saint-Laurent, deuxième ville de Guyane avec plus de 50 000 habitants.

A l’heure actuelle, «le permis de construire n’est même pas signé», a encore nuancé Gérald Darmanin. L’établissement vise notamment à désengorger le centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly, qui accueille environ 1 100 détenus pour 614 places, selon le syndicat UFAP-Unsa Justice.

Saint-Laurent-du-Maroni, devenue la plaque tournante du trafic de drogue en Guyane, fut l’ancien port d’entrée du bagne où débarquaient les forçats venus de métropole, de 1850 à 1938. Département le plus criminogène de France en proportion, la Guyane a connu une année 2023 record en termes d’homicides, avec 20,6 tués pour 100 000 habitants, quand la moyenne nationale s’établissait à 1,5 pour 100 000.