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Justice

Courbevoie : trois mineurs mis en examen pour viol aggravé et violences antisémites sur une fille de 12 ans

Deux des trois garçons de 12 et 13 ans mis en examen mardi 18 juin dans le cadre d’une enquête en flagrance ouverte par le parquet de Nanterre pour viol, et violences et injures, ces deux dernières infractions étant aggravées en raison de l’appartenance de la victime à une religion ont été écroués.
Au tribunal judiciaire de Nanterre, le 28 novembre 2023. (Magali Cohen/Hans Lucas. AFP)
publié le 18 juin 2024 à 18h32
(mis à jour le 19 juin 2024 à 7h43)

Un crime antisémite. «Trois jeunes garçons mineurs, âgés de 12 et 13 ans» ont été mis en examen pour avoir commis un viol à caractère antisémite sur une fille de 12 ans, à Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine. «Deux des trois mineurs» sont mis en examen «des chefs de viol aggravé (réunion, sur mineur de 15 ans et en présence de mineurs)», a indiqué à Libération le parquet de Nanterre. Mais ce n’est pas tout. Ils ont également été incarcérés pour «agression sexuelle en réunion, tentative d’extorsion, violences commises en réunion, sur mineur de 15 ans et à raison de la religion, atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l’image d’une personne présentant un caractère sexuel, menace de mort réitérée, injure à raison de la religion.» Le troisième a été placé sous le statut de témoin assisté concernant les faits de viol, et mis en examen pour le reste des infractions.

«Le 15 juin 2024, vers 19 h 40, le parquet de Nanterre a ouvert une enquête en flagrance pour viol aggravé […] suite aux dénonciations d’une jeune fille de 12 ans par trois mineurs», précise le ministère public. L’enquête, initialement confiée au commissariat de Courbevoie, a été transmise dès le 16 juin entre les mains de la brigade territoriale de protection de la famille du département. Le lendemain, les trois mineurs ont été placés en garde à vue ou en rétention, en fonction de leur âge. L’information judiciaire ouverte à leur encontre est aussi longue que leur mise en examen : «viol aggravé, d’agression sexuelle aggravée, de tentative d’extorsion, d’atteinte à l’intimité de la vie privée, de menace de mort, de violences et d’injures, ces deux dernières infractions étant aggravées par leur commission à raison de l’appartenance de la victime à une religion», détaille le parquet. Des réquisitions de placement en détention provisoire ont été prises pour les mineurs, susceptibles d’être incarcérés.

L’affaire avait débuté samedi soir après des «dénonciations» de la jeune fille, accompagnée de ses parents. Selon une source policière, la mineure aurait expliqué avoir été abordée par trois adolescents et entraînée dans un hangar alors qu’elle se trouvait dans un parc proche de son domicile avec un ami. Les suspects l’auraient frappée et lui auraient «imposé des pénétrations anales et vaginales, une fellation, tout en lui proférant des menaces de mort et des propos antisémites», a précisé cette même source. Son ami est parvenu à identifier deux des agresseurs. La jeune fille a, elle, été prise en charge par les sapeurs-pompiers et transportée à l’unité médico-judiciaire de Garches, dans les Hauts-de-Seine, où une expertise gynécologique confirme le viol, renseigne le Parisien.

Lors de ses premières déclarations aux enquêteurs, la jeune fille a confirmé avoir été traitée de «sale juive», renseignent ce mercredi plusieurs sources policières. L’un des adolescents mis en cause lui aurait «posé des questions concernant sa religion juive», lui demandant pourquoi elle n’en parlait pas et lui posant des questions sur Israël, détaille encore cette source. La victime lui aurait alors répondu vouloir «se protéger» d’une éventuelle agression.

«Acte abject»

«C’est un acte abject, on ne peut pas penser que ça existe encore», a réagi auprès de Jacques Kossowski, maire Les Républicains (LR) de Courbevoie. «Ce que j’espère c’est que la justice puisse condamner fermement ces agresseurs, quel que soit leur âge», a poursuivi l’édile. Une fermeté également réclamée sur le réseau social X par le sénateur LR des Hauts-de-Seine Roger Karoutchi, pour qui «il est temps que les actes antisémites, comme le viol en raison de ses origines de cette gamine de 12 ans à Courbevoie, soient beaucoup plus sévèrement punis».

Sur le même réseau social, Jean-Luc Mélenchon a quant à lui réagi ce mercredi matin. Il s’est dit «horrifié par ce viol [...] et tout ce qu’il met en lumière concernant le conditionnement des comportements masculins criminels dès le jeune âge, et du racisme antisémite». Le leader insoumis exhorte à ne pas transformer «ce crime ni la souffrance qu’il engendre en spectacle médiatique».

Le député insoumis de la Somme François Ruffin s’est lui aussi indigné de ce «crime odieux [qui] doit nous percuter au plus profond, sur ce qu’il révèle : le machisme crasse de jeunes hommes pour qui le corps des femmes est une chose, qui leur appartient. L’antisémitisme pour qui la judéité est une tare, un affront à l’honneur». Il appelle à ce que cette «rage se transforme en justice».

Les actes antisémites ont flambé en France au premier trimestre 2024, selon des chiffres du gouvernement, qui a fait état de «366 faits antisémites» recensés entre janvier et mars, en hausse de 300% par rapport aux trois premiers mois de l’année 2023. En janvier, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait rapporté une forte augmentation des actes antisémites en France, qui ont été multipliés par quatre en un an, passant de 436 en 2022 à 1 676 en 2023, avec une «explosion» après le 7 octobre et l’attaque menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

Mise à jour à 20h45, ajout de réactions ; le 19 juin à 7 h 30 avec les mises en examen ; le 19 juin à 11 h 24 avec de nouvelles réactions ; puis à 14 h 40 avec les nouvelles déclarations de la jeune fille.