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Gérald Darmanin annonce des «gardes à vue jusqu’à 72 heures, dans le cadre des violences sexuelles aggravées et des féminicides»

Sur le plateau de TF1, le nouveau garde des Sceaux a rappelé son souhait d’obtenir davantage de moyens pour son ministère, afin de permettre une justice rapide, et propose que les gardes à vues puissent aller jusqu’à 72 heures, et non plus 48 heures, dans le cadre des violences faites aux femmes.
Gérald Darmanin lors de la passation de pouvoir au ministère de la justice avec Didier Migaud, à Paris, le 24 décembre 2024. (Albert Facelly/Libération)
publié le 26 décembre 2024 à 20h21
(mis à jour le 26 décembre 2024 à 20h58)

Pas d’annonces fracassantes. Simplement quelques constats et des souhaits rappelés par Gérald Darmanin sur le plateau de TF1 ce jeudi, en guise de première interview dans son nouveau costume de Garde des Sceaux. «Il faut être sans doute plus ferme, plus intense. Il y a à imaginer peut-être des opérations place nette dans les prisons», a notamment évoqué le nouveau ministre de la Justice, face au constat selon lequel «aujourd’hui des détenus qui ont des téléphones portables, et qui pour une partie d’entre eux continuent leur trafic gèrent d’entre eux gèrent leurs points de deal, commandent des assassinats de leur prison». Gérald Darmanin veut «continuer à être très présent, à empêcher cela et condamner ceux qui le font».

L’ancien ministre de l’Intérieur a rappelé quelques souhaits déjà émis lors de ses premières heures de prise de fonction. A savoir «que la peine soit prononcée, et qu’elle soit immédiatement exécutée», tout en admettant qu’«aujourd’hui, le problème de la justice, c’est sa lenteur», malgré «les greffiers et les magistrats», qui «font un travail formidable».

Pour aller plus vite, le successeur de Didier Migaud suggère notamment «des centres de détention à taille plus humaine, où on a des gens qui font quelques mois de condamnation, et qui le font effectivement. Et qu’on ne les mélange pas avec des gens qui font 10, 15, 20 ans pour des crimes plus graves». Gérald Darmanin rappelant que «ce qui compte, c’est que la peine soit aussi pédagogique».

Des gardes à vue de 72 heures dans le cadre des violences contre les femmes

Lancé sur les leçons qu’il a pu tirer du procès Mazan, lequel a connu son épilogue la semaine dernière, le nouveau ministre de la Justice en a profité pour soumettre une proposition : que dans «le cadre des violences sexuelles aggravées et des féminicides» les gardes à vues «puissent aller jusqu’à 72 heures (au lieu de 48 heures actuellement)». Ce qui permettrait de «mettre à protection la femme qui a été menacée, violentée, agressée», mais aussi de «faire les constatations des polices techniques et scientifiques», et «d’interroger plus longuement la personne».

Invité à s’épancher, enfin, sur la question de l’augmentation des moyens, Darmanin assure avoir soulevé ce point avec le Premier ministre. «On demande plus de moyens pour plus de rapidité.» Plus tôt dans la journée, il avait dit avoir pris rendez-vous lundi prochain avec Amélie de Montchalin, la nouvelle ministre chargée des Comptes publics, pour échanger sur ce «dossier extrêmement important».

En tandem avec Bruno Retailleau

Trois mois après son départ de l’Intérieur, Gérald Darmanin est revenu au gouvernement à l’issue d’un jeu de combinaison typique des remaniements. Il s’est retrouvé garde des Sceaux, un poste que François Bayrou avait proposé au LR Xavier Bertrand avant, selon ce dernier, de se raviser sous la pression du Rassemblement national. Gérald Darmanin, qui lorgnait les Affaires étrangères, agira en tandem avec Bruno Retailleau, conforté Place Beauvau.

Lors de son premier déplacement comme ministre de la Justice mercredi 25 décembre en Picardie, le nouveau garde des Sceaux avait déjà déclaré qu’il comptait obtenir davantage de moyens pour son ministère, afin de permettre une «justice rapide». Et aussi dit vouloir «nettoyer les prisons» de leurs nombreuses difficultés.

Mis à jour : à 20 h 50 avec davantage de déclarations de Gérald Darmanin.