Hélène Darras avait 26 ans lorsqu’elle a débarqué, en 2007, sur le tournage du film Disco, dans lequel elle venait de décrocher un petit rôle. La jeune actrice se réjouissait de partager l’affiche de cette comédie populaire réalisée par Fabien Onteniente avec Franck Dubosc et Gérard Depardieu. Mais sur le plateau, c’est la douche froide. Depardieu, est «ingérable», confiera-t-elle, quinze ans plus tard, à l’équipe de l’émission Complément d’enquête qui l’a interviewée en mars 2022. «Il me regarde comme si j’étais un morceau de viande. Moi, j’ai une robe ultra-moulante, il me rapproche de lui par la taille, ensuite, il passe sa main sur mes hanches, sur mes fesses…»
France Info révèle ce mercredi 6 décembre, à la veille de la diffusion du magazine d’investigation de France 2 consacré à ce «monstre sacré du cinéma», que la comédienne a déposé plainte pour agression sexuelle contre lui le 10 septembre. Contacté par Libération, le parquet de Paris confirme avoir reçu cette plainte et affirme «qu’elle est actuellement à l’analyse». Visé par une autre plainte déposée par l’actrice Charlotte Arnould, Gérard Depardieu est mis en examen pour viol et agression sexuelle depuis décembre 2020, pour des faits présumés qui se seraient déroulés fin août 2018. Au moins seize autres femmes ont, depuis, accusé l’acteur de violences sexuelles.
«Je suis pétrifiée»
Gérard Depardieu a beau «sentir l’alcool» à plein nez dans les coulisses de Disco, il reste «le roi du plateau», raconte Hélène Darras. Un jour, il demande celle qui n’est alors que figurante si elle veut «monter dans [sa] loge». «Je lui dis non, mais ça ne change rien au fait qu’entre les prises, il va continuer à me peloter. Je suis pétrifiée», poursuit l’actrice. «Je suis figurante, je n’ai même pas encore fini mon école de théâtre, et j’ai envie d’être comédienne. Je n’ai pas envie d’être blacklistée à 26 ans.»
Hélène Durras n’avait jusqu’alors pas porté plainte mais avait malgré tout apporté son témoignage à la police «pour appuyer celui de Charlotte Arnould», selon un article de Mediapart. Dans ce témoignage écrit, consulté par France Info, elle expliquait déjà quel point Gérard Depardieu s’était montré «pressant […] entre chaque prise», rapportant notamment «une main aux fesses bien appuyée.» Gérard Depardieu, qui a toujours nié les faits de violences sexuelles qui lui étaient reprochés, n’a pas souhaité répondre aux questions des journalistes de Complément d’enquête. Le délai de prescription est de six ans pour les agressions sexuelles, quinze ans pour les viols, vingt pour les viols aggravés.