La première chose qui frappe, c’est cet uniforme. Un bleu nuit, des épaulettes, pas de calot sur un crâne nu, rasé de près. Son propriétaire n’a pas encore ouvert la bouche que, déjà, le costume parle. Cet homme qui s’avance jeudi à la barre de la dixième chambre du tribunal correctionnel de Paris n’est pas n’importe qui : il est policier, adjoint au chef de la délégation des CRS de Paris. Dominique Caffin, 57 ans, est jugé pour avoir frappé par derrière d’un coup de matraque une femme pendant une manifestation de gilets jaunes, le 20 avril 2019. Il comparaît en vertu d’une citation directe formulée par l’avocat de la plaignante.
«On attaque l’institution policière»
Oui, il est venu en uniforme, c’est un choix réfléchi, assumé. «Au-delà de moi, au-delà de Dominique Caffin, on a le sentiment depuis un certain temps qu’on attaque l’institution policière», répond-il calmement à l’assesseur qui l’interroge sur sa tenue. Il poursuit sur «les violences policières», «le terme lui-même [l]’hérisse». Il n’a pas peur des mots, dit regretter le «harcèlement juridique» subi par sa profession. Sur les bancs côté partie civile, vibrent quelques rires nerveux, vite étouffés. Les gilets jaunes sont venus nombreux mais aucun n’arbore de dossard fluorescent.
Dominique Caffin n’est pas n’importe qui. Dans les cortèges, les activistes savent le reconnaître grâce aux let