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Libération
Cinq ans après

Gilets jaunes : éborgné à 16 ans par un tir de LBD, «Jean-Philippe sait très bien qu’il sera handicapé toute sa vie»

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Touchéau visage devant son lycée le 6 décembre 2018, le jeune homme fut le premier mutilé du mouvement à voir le policier qui l’avait blessé être jugé. La relaxe du prévenu a un goût amer pour le Biterrois qui a dû changer de secteur professionnel afin d’éviter les regards insistants de la clientèle.
Le 24 novembre 2018, sur les Champs-Elysées à Paris. (Denis Allard/Libération)
publié le 16 novembre 2023 à 21h05
(mis à jour le 17 novembre 2023 à 8h47)

Jean-Philippe Lafitte est le premier de la longue liste des personnes mutilées à l’époque du mouvement des gilets jaunes à avoir affronté un procès. Une immense désillusion. Le jeune homme avait été éborgné par un tir de LBD le 6 décembre 2018, à 16 ans, devant son lycée, à Béziers. Le mouvement de révolte, né une vingtaine de jours plus tôt, s’était alors étendu aux universités et à de nombreux établissements scolaires. Devant ce lycée, plusieurs dizaines de personnes s’étaient rassemblées et avaient lancé des projectiles sur les policiers présents. L’enquête a établi que Jean-Philippe Lafitte ne représentait aucune menace. Près de cinq années plus tard, le 20 octobre, Sébastien J., le policier suspecté de l’avoir gravement blessé, a été relaxé par le tribunal judiciaire de Béziers, à l’issue de l’audience où il comparaissait seulement pour l’infraction de blessures involontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à trois mois.

Son père, Serge Lafitte, retrace dans les grandes lignes le calvaire médical, qui s’ajoute à l’épreuve judiciaire, que doit affronter son fils depuis cinq ans.