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Séparatisme

Gironde : en voie d’être régularisé, l’imam de Pessac a pourtant été interpellé

Abdourahmane Ridouane, qui avait présenté le Hamas comme un mouvement «d’autodéfense», a été arrêté chez lui ce jeudi 8 août dans le cadre d’un arrêté ministériel d’expulsion.
Abdouramane Ridouane, de nationalité nigérienne, avait obtenu début août une décision de justice visant à régulariser son titre de séjour. Mais au vu des propos tenus par l'imam girondin, le ministère de l'Intérieur a ordonné son expulsion. (Claude Petit/Photopqr / Maxppp)
publié le 8 août 2024 à 14h49

Abdourahmane Ridouane, président de la mosquée Al Farouk à Pessac en banlieue de Bordeaux (Gironde), a été arrêté chez lui à 6 h 30 ce jeudi 8 août, dans le cadre d’une procédure d’expulsion. De nationalité nigérienne, il venait pourtant d’obtenir raison mardi auprès du tribunal administratif de Bordeaux, qui avait ordonné aux autorités de «réexaminer» sa demande de renouvellement de titre de séjour.

Publications à teneur antisémite

Le passeport nigérien du quinquagénaire n’a pas été retrouvé par les policiers qui ont perquisitionné le domicile de l’imam ainsi que la mosquée, considérée «d’obédience salafiste» par les autorités. L’opération a eu lieu dans le cadre d’un arrêté ministériel d’expulsion publié lundi, a confirmé une source proche du dossier. Selon l’arrêté consulté par l’AFP, le ministère de l’Intérieur reproche à Abdourahmane Ridouane, déjà sous le coup d’une assignation à résidence durant la période des Jeux olympiques, la diffusion sur les réseaux sociaux «d’une idéologie hostile aux valeurs et institutions de la République française».

Les autorités l’accusent également «de publications à teneur antisémite et haineuse à l’encontre d’Israël et des juifs», en relayant notamment, quatre jours après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, un dessin de presse présentant l’organisation islamiste palestinienne comme un mouvement «d’autodéfense» et «dédouanant cette organisation de la dimension terroriste de son action».

En juin, une commission d’expulsion du tribunal judiciaire avait, de son côté, donné un avis consultatif défavorable concernant sa possible reconduite à la frontière. Pour son avocat, Sefen Guez Guez, cette «nouvelle procédure s’assoit sur l’avis du tribunal judiciaire et la décision du tribunal administratif de Bordeaux». «L’État s’organise pour que l’opération soit menée à un rythme tellement rapide que le tribunal ne peut pas intervenir, c’est scandaleux», a ajouté l’avocat, qui compte déposer un recours «en urgence».

En 2022, des publications sur les réseaux sociaux avaient déjà conduit à une fermeture administrative de la mosquée de Pessac, finalement annulée par le tribunal administratif de Bordeaux, puis le Conseil d’Etat.