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Justice

Gironde : viols aggravés dans le milieu libertin bordelais, quatre hommes écroués

Violences sexuellesdossier
Le parquet de Bordeaux a confirmé vendredi 11 avril que quatre hommes avaient été mis en examen et écroués dans une enquête pour viols avec actes de torture et de barbarie sur cinq victimes. Les faits se sont déroulés entre 2011 et 2024, notamment dans les clubs libertins de la métropole bordelaise.
L’enquête, confiée à la section de recherche de la gendarmerie de Bordeaux et initialement suivie par le parquet de Libourne, a été transmise au pôle criminel du parquet de Bordeaux. (Romain Perrocheau/AFP)
publié le 11 avril 2025 à 20h22
(mis à jour le 11 avril 2025 à 20h26)

Quatre hommes ont été mis en examen dans une enquête pour viols aggravés dans une enquête dans le milieu libertin en Gironde, dans laquelle l’absence de consentement des victimes est «caractérisée». «À plusieurs reprises, des hurlements de douleur étaient entendus», sur de nombreuses vidéos retrouvées au domicile de l’un de ces hommes et tournées chez lui, «dans des clubs libertins de la métropole bordelaise, sur la voie publique, toujours à Bordeaux mais également ailleurs, dans l’Hérault et dans le Gard», ajoute dans un communiqué le procureur de la République de Bordeaux, Renaud Gaudeul.

Le Monde et Le Parisien, qui révèlent l’affaire ce vendredi, évoquent des insultes inscrites au marqueur sur le corps des plaignantes, des rapports avec des dizaines d’hommes sans protection et le recours à des objets ou des animaux.

Le procureur précise que les faits s’étalent «sur une période courant de 2011 à 2024» et que les cinq victimes recensées «à ce jour» sont âgées de 45, 52, 56, 59 et 67 ans. Les quatre hommes mis en examen «des chefs de viols avec acte de torture et de barbarie, et complicité de ces crimes pour l’un d’entre eux», ont été écroués. Ils sont âgés de 40 à 57 ans et tous domiciliés en Gironde, selon le magistrat.

«Plusieurs viols collectifs filmés»

L’affaire a commencé en novembre 2023, quand une femme, ex-compagne d’un des suspects né en 1969, «a déposé plainte contre lui, après avoir subi ce qu’elle décrit comme des viols collectifs commis par son compagnon et des hommes qu’il invitait» de novembre 2020 à septembre 2023, indique-t-il. «Elle décrit une stratégie d’emprise adoptée par son compagnon qui lui avait permis de lui imposer plusieurs viols collectifs, filmés», ajoute le procureur.

Les enquêteurs ont ensuite entendu quatre autres compagnes successives de cet homme, qui ont déclaré avoir subi «des scènes comparables à celles décrites par la première plaignante». L’homme mis en cause a été interpellé en juillet 2024. Il n’a pas contesté «l’existence de ces relations sexuelles entre ses compagnes successives et des groupes d’hommes, dont lui-même», mais a affirmé «qu’elles avaient toujours été consenties», poursuit le magistrat qui ajoute néanmoins que «l’absence de consentement des femmes était caractérisée» après visionnage des «très nombreuses vidéos» saisies chez l’intéressé.

Réclusion criminelle à perpétuité

Ce quinquagénaire travaillant dans la maintenance, au casier judiciaire vierge selon son avocat, «ne s’est jamais vécu et perçu comme étant quelqu’un qui commettait des infractions pénales», a déclaré Me Julien Plouton. «Il se voit comme quelqu’un qui était dans la pratique du plaisir sexuel libertin, même si ce sont manifestement des pratiques extrêmes. Il considère que ces femmes étaient consentantes.»

L’enquête a permis d’identifier plusieurs autres participants aux faits, aboutissant à une opération d’interpellations mercredi. «Si l’un de ces hommes a fini par admettre qu’il avait conscience de l’absence de consentement de sa partenaire féminine, les autres affirmaient le contraire», précise le procureur. Les quatre hommes encourent la réclusion criminelle à perpétuité. L’enquête, confiée à la section de recherche de la gendarmerie de Bordeaux et initialement suivie par le parquet de Libourne, a été transmise au pôle criminel du parquet de Bordeaux en février. Deux juges d’instruction ont été saisis.

Pour Me Julien Plouton, ce dossier doit pousser à s’interroger sur «la récurrence de ces pratiques» dans les milieux libertins. «Je ne pense pas que dans un dossier comme celui-ci, on puisse se contenter de rester sur une enquête qui se focalise sur mon client et les personnes qui, à ce jour, ont été mises en examen à ses côtés», estime-t-il. «Manifestement, on a déjà des éléments qui ouvrent la voie à des cercles beaucoup plus larges», indique-t-il, sans pouvoir confirmer «en l’état» une éventuelle soumission chimique d’une victime, également évoquée par Le Parisien.