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Reconduction

Gouvernement Lecornu : Bruno Retailleau conserve sa place Beauvau

Arrivé au ministère de l’Intérieur en septembre 2024, celui qui est désormais président de LR est reconduit par le Premier ministre. Face à une faible activité législative, il profite de son poste pour construire sa stature politique.

Bruno Retailleau, au Touquet (Pas-de-Calais), le 28 mars 2025. (Albert Facelly/Libération)
Publié le 05/10/2025 à 19h58

Bruno Retailleau peut toujours compter sur son tremplin politique. L’ancien sénateur, peu connu du grand public jusqu’à sa nomination au ministère de l’Intérieur en septembre 2024, est maintenu dans ses fonctions par le Premier ministre, Sébastien Lecornu. Dès son arrivée à ce poste exposé, celui qui a été élu président du parti Les Républicains en mai a su, comme d’autres avant lui, capter l’attention médiatique. Bruno Retailleau a multiplié les déclarations qui le placent politiquement à courte distance de l’extrême droite. En un an, contraint par l’incapacité législative du gouvernement, il n’a porté aucun dossier majeur, concentrant principalement son action sur des mesures défavorables aux étrangers vivant en France.

Une semaine après son arrivée place Beauvau, le ministre de l’Intérieur affirmait, dans une interview au Journal du dimanche que «l’Etat de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré». Cette déclaration visait la supposée impuissance des autorités face à des crimes commis par des personnes étrangères, en situation administrative irrégulière. «On ne peut plus accepter de se protéger derrière des règles de droit qui ne protègent pas notre population», disait-il dans la même interview.

Revers politique

Quelques mois plus tard, lors d’une conférence publique organisée à Paris en mars par un lobby proche du pouvoir israélien, Bruno Retailleau, en évoquant la pratique sportive des femmes musulmanes, avait scandé «à bas le voile». Fort de sa nouvelle notoriété, il a poursuivi son ascension en étant largement élu président du parti Les Républicains, avec plus de 74 % des voix face à Laurent Wauquiez.

Un revers politique est venu, cet été, du Conseil constitutionnel, qui a censuré une mesure soutenue par le ministre au Parlement, la jugeant trop attentatoire aux libertés. Elle concerne l’allongement de la durée possible d’enfermement en centre de rétention de 90 à 210 jours pour les étrangers présentant, selon l’administration, une menace d’une «particulière gravité» à l’ordre public. Une durée déjà applicable aux personnes condamnées pour terrorisme. Face à cette censure, le ministre a indiqué qu’il travaillerait à un texte prenant en compte la limite posée par la juridiction suprême.

Côté sécurité, le principal projet législatif sur lequel est engagé le ministère de l’Intérieur porte sur les pouvoirs des municipalités en matière de police. Le texte devait être présenté au Conseil d’Etat le 17 septembre avant d’arriver au Parlement, mais faute de gouvernement, il est encore dans les cartons. Ce projet de loi prévoit de doter les quelque 28 000 policiers municipaux de nouveaux pouvoirs judiciaires comme la capacité à dresser des amendes forfaitaires délictuelles, ou encore de leur permettre de faire voler des drones. Bruno Retailleau, qui conserve la place Beauvau, va pouvoir poursuivre cette maigre œuvre législative.