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Nomination

Gouvernement Lecornu II : Gérald Darmanin (re)confirmé au ministère de la Justice

Dans un gouvernement Lecornu II censé faire la part belle aux profils désintéressés de l’échéance présidentielle de 2027, l’élu du Nord a bien été confirmé au poste de garde des Sceaux.

Gérald Darmanin à l'Elysée le 19 mars. (Ludovic Marin /AFP)
Publié le 12/10/2025 à 22h11

Dans un gouvernement Lecornu II où ne devaient pas figurer de responsables aux ambitions présidentielles, un cas interroge. Gérald Darmanin, «l’ami» du Premier ministre, rempile au poste qui est le sien depuis décembre 2024, une semaine après avoir été déjà confirmé dans le gouvernement Lecornu I. Cette reconduction intervient dans un moment particulièrement tendu pour l’institution judiciaire. La condamnation de Nicolas Sarkozy à cinq ans d’emprisonnement pour son rôle dans l’affaire libyenne a de nouveau libéré un flot d’attaques contre les magistrats.

Sur son bureau place Vendôme, Darmanin va retrouver de nombreux dossiers. Celui de la lutte contre le narcotrafic d’abord, à propos duquel il n’a pas hésité à communiquer tous azimuts, tout en défendant une loi répressive, adoptée au premier semestre. C’est désormais le sujet de la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, qui connaît les soubresauts les plus réguliers, avec notamment la mobilisation de détenus dénonçant leurs conditions de détention. Un second établissement de ce type doit ouvrir à Condé-sur-Sarthe (Orne) cet automne.

Une nouvelle réforme pénale à l’horizon

Avec quelque 84 000 personnes emprisonnées, la surpopulation carcérale reste évidemment un enjeu majeur. Chaque mois, les statistiques de la population carcérale se succèdent et les records sont sans cesse battus. Cet été, Gérald Darmanin avait convié les plus hauts acteurs de la chaîne pénale et pénitentiaire en visioconférence, une fois par semaine en juillet. L’objectif ? Echanger sur les bonnes pratiques locales pour limiter les entrées en détention et favoriser les sorties. Parmi les pistes évoquées : privilégier les aménagements de peines tels que le bracelet électronique ou la semi-liberté, développer l’assignation à résidence avec surveillance électronique pour remplacer la détention provisoire…

Mais une autre initiative estivale du Garde des Sceaux pourrait venir balayer cette ambition de désengorger les prisons : le projet de loi sur une réforme pénale que Darmanin souhaite présenter à l’automne. Dans ce texte, il envisage de revenir sur le principe d’aménagement obligatoire de certaines peines d’emprisonnement, réserver le sursis uniquement aux primo-délinquants ou encore rétablir les peines de moins d’un mois d’emprisonnement, qui avaient été supprimées en mars 2020, lors d’une précédente réforme des peines.

Les âpres discussions autour du budget 2026 ne devraient, par ailleurs, pas manquer de réactiver les débats sur les moyens dévolus à la justice. Le prédécesseur de Gérald Darmanin, Didier Migaud, avait ainsi dû mettre dans la balance sa démission pour que soit gonflée l’enveloppe initialement prévue pour la place Vendôme par le gouvernement Barnier – 10,2 milliards pour 2025 − afin de s’approcher des sommes prévues par la loi de programmation pluriannuelle − 10,68 milliards.