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Libération
Fait divers

Grenade lancée dans un bar à Grenoble : 12 blessés dont 2 graves, piste du trafic de drogue… Ce que l’on sait sur l’attaque

Une personne a jeté une grenade dans un bar associatif d’un quartier sensible de la métropole iséroise mercredi soir, avant de prendre la fuite. Deux victimes ont leur pronostic vital engagé ce jeudi 13 février. La piste terroriste est pour l’instant écartée.
Les policiers devant le lieu de l'explosion à Grenoble mercredi 12 février au soir. (Maxime Gruss/AFP)
publié le 13 février 2025 à 7h08
(mis à jour le 13 février 2025 à 13h45)

L’attaque braque de nouveau les projecteurs sur Grenoble, où les violences liées au trafic de drogues ces derniers mois font parler de «guerre des gangs» aux autorités. Une grenade lancée dans un bar d’un quartier sensible de la ville iséroise mercredi soir a fait une douzaine de blessés, dont au moins deux graves. Libé fait le point sur les éléments à disposition ce jeudi 13 février dans cette affaire.

Les faits

L’explosion est survenue vers 20h15 dans le quartier du Village olympique, classé prioritaire de la politique de la ville et situé dans le sud de Grenoble. Elle s’est produite dans un bar associatif, l’Aksehir, situé au pied d’un immeuble à proximité d’autres tours. Il tient son nom d’une ville de Turquie, mais selon plusieurs riverains il est aujourd’hui tenu par des Algériens et est plutôt fréquenté par une clientèle masculine.

L’établissement est «un lieu de rassemblement des personnes du quartier et de l’extérieur, et surtout pour regarder des matchs de foot», a précisé Chloé Pantel, maire adjointe du secteur, présente sur les lieux du drame. «Ce n’était pas un bar qui était censé soulever d’inquiétudes particulières», a déclaré de son côté le procureur adjoint de la République de Grenoble, François Touret de Coucy.

«Une personne est rentrée, a lancé une grenade, n’a pas prononcé de mot, semble-t-il, et ensuite a pris la fuite», a déclaré le procureur adjoint, présent sur place mercredi soir. «Beaucoup de clients» étaient présents au moment de l’explosion, selon lui. «Cette personne aurait été armée aussi d’une kalachnikov, mais ça reste à déterminer. Il n’est pas certain que cette kalachnikov ait été utilisée. A priori, les dégâts ont été causés par l’éclatement de la grenade», a encore expliqué François Touret de Coucy.

Le bilan, encore provisoire, faisait état de 15 personnes prises en charge par les secours. Le procureur a fait état de deux personnes grièvement blessées, sans que leur pronostic vital ne soit «forcément» engagé. La préfète de l’Isère, Catherine Séguin, également sur place, a annoncé de son côté six blessés graves, avec un bilan susceptible d’évoluer. Ce jeudi matin, deux d’entre elles présentent un pronostic vital engagé, a affirmé une source policière à l’AFP.

L’hôpital de Grenoble a déclenché son plan blanc pour soigner les blessés, a précisé le maire écologiste de la ville Eric Piolle, tandis que 80 pompiers ont été mobilisés pour les opérations de secours.

Les pistes de l’enquête

Pour expliquer cet «acte de violence extrême», «aucune hypothèse n’est privilégiée à ce stade», a fait savoir le procureur adjoint de la République de Grenoble. Mais «on peut exclure l’attentat purement terroriste, puisqu’il n’y a rien qui nous permet de penser que c’est lié à du terrorisme», a souligné le magistrat.

A ce stade, François Touret de Coucy a évoqué une piste qui «peut être liée à un règlement de compte, d’une manière ou d’une autre». Un lien avec le trafic de stupéfiants est l’une des hypothèses explorées parmi d’autres, a déclaré le procureur, évoquant aussi le trafic de cigarettes ou une «inimitié exacerbée».

L’enquête est confiée aux policiers de la DCOS, ex-police judiciaire. Aucune arrestation n’a eu lieu pour le moment, selon France Bleu Isère.

Les réactions

«C’est un acte d’une lâcheté inouïe, qui n’a pas sa place dans notre République. L’Etat ne tolérera pas de tels actes», a martelé la préfète de l’Isère, qui a déployé des CRS «pour sécuriser le quartier». «Tout est mis en œuvre pour retrouver» le suspect, a de son côté assuré le procureur adjoint de Grenoble.

Quant au maire Eric Piolle, il a condamné sur X «avec la plus grande fermeté [un] acte criminel d’une violence inouïe». «Nous vivons une période d’escalade de violence, à la fois dans sa localisation, dans sa temporalité, souvent en pleine journée», a observé l’élu écologiste qui s’est aussi rendu sur les lieux, sans vouloir faire de lien avec «d’autres événements», dans l’attente des résultats de l’enquête.

Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, doit se rendre ce jeudi matin au CHU de Grenoble «au chevet des victimes et des soignants mobilisés» après l’explosion, a fait savoir mercredi soir la préfecture de l’Isère. Hasard du calendrier, le très droitier ministre de l’Intérieur et nouveau candidat à la présidence du parti Les Républicains, Bruno Retailleau, avait déjà prévu un déplacement vendredi à Grenoble, sur le thème de la sécurité du quotidien.

Mise à jour : à 13h44, avec le bilan qui monte à 15 blessés.