Aux enquêteurs qui l’interrogeaient sur l’affaire qui avait chamboulé son existence, Michel D. avait confié, le 28 septembre 2018 : «La stratégie était d’avoir l’air plus gros que la réalité.» Le désormais septuagénaire imaginait-il, au moment d’envoyer de premières lettres de menace aux autorités françaises, fin 2003, que le danger représenté par le «groupe AZF» dont il se revendiquait deviendrait si «gros» aux yeux du ministère de l’Intérieur que celui-ci mobiliserait massivement les forces de police, jusqu’à faire appel au Raid, pour mettre fin à ses activités ? Que l’affaire ferait les grands titres de la presse nationale et régionale ? Qu’elle lui vaudrait, à lui, l’ancien patron d’une entreprise bourguignonne de traitement des eaux, et à Perrine R., son ancienne employée de quinze ans plus jeune que lui, d’être jugés pour «association de malfaiteurs» ? Vingt ans après les faits, le procès s’ouvre ce mardi 13 février au tribunal correctionnel de Paris.
Tout commence par une missive adressée à l’Elysée le 11 décembre 2003. L’auteur y annonce la «prochaine entrée en scène» d’un «groupe AZF» dont personne jamais n’a entendu parler – et dont le nom est emprunté à celui de l’usine dont l’explosion avait causé la mort de 31 personnes à Toulouse, deux ans plus tô