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Libération
Surpopulation carcérale

Guadeloupe : des gardiens de la prison de Baie-Mahault bloquent le centre pénitentiaire, après une attaque contre un surveillant

Une cinquantaine de gardiens ont paralysé la prison, dans le centre de l’île, ce lundi 28 octobre, pour dénoncer la surpopulation carcérale et demander le transfert du détenu qui a agressé leur collègue la veille.
Les surveillants de la prison de Baie-Mahault, dans le centre de l'île, ont dénoncé la surpopulation carcérales lors de leur blocage de la maison d'arrêt, ce lundi 28 octobre. (Hélène Valenzuela/AFP)
publié le 28 octobre 2024 à 18h45

C’est l’agression de trop. Ce lundi 28 octobre, une cinquantaine de surveillants pénitentiaires se sont mobilisés pour bloquer, à l’aide de palettes, la maison d’arrêt de Baie-Mahault, la deuxième plus grande ville de Guadeloupe. Soutenus par trois syndicats, ils dénoncent la surpopulation de cette prison et ont demandé le transfert du détenu qui a ébouillanté dimanche un surveillant. «Nous demandons que le détenu agresseur parte de la prison», a martelé Éric Petilaire, le secrétaire général pour la branche pénitentiaire de la CGT-Guadeloupe.

Peu après midi, dimanche 27 octobre, un surveillant a été aspergé d’eau bouillante par un détenu, le brûlant grièvement au bras gauche et au visage. Le surveillant attaqué «a été opéré et est rentré chez lui dans la nuit», a expliqué Jean-Jacques Racamy, le secrétaire général UFAP-UNSA Justice. Une enquête a été ouverte pour «blessures volontaires avec arme par destination, sur personne chargée de mission de service publique, dans un établissement pénitentiaire», avait informé par la suite le parquet de Pointe-à-Pitre.

Taux d’occupation de 188,4 %

Une agression directement liée à la surpopulation carcérale, selon Éric Petilaire, un phénomène dénoncé depuis plusieurs années. La prison de Baie-Mahault, comptait ainsi 473 détenus pour 251 places opérationnelles au 1er septembre, soit un taux d’occupation de 188,4 %. Pour le secrétaire général, les travaux d’extension de la prison qui ont débuté en mai 2023 «ne changeront rien». «On sait très bien que plus on agrandit les prisons, plus on met du monde en prison», a-t-il affirmé, dénonçant un manque d’attention à la «situation psychiatrique des détenus».

Selon Alex Caneval, secrétaire local de FO-Justice, «nous avons 150 matelas au sol, ça fait monter la pression pour tout le monde». Une situation de précarité vécue par de très nombreux centres pénitentiaires en France. Les mois passent et les records se succèdent : en septembre les prisons ont dénombré 78 969 personnes incarcérées, contre 78 397 le mois précédent, selon le ministère de la Justice. Plus de 3 000 d’entre elles sont contraintes de dormir sur un matelas posé au sol, contre 2 361 un an plus tôt. Ce qui fait de la France l’une des pires élève d’Europe en matière de surpopulation carcérale. Elle est classée en troisième position derrière Chypre et la Roumanie, selon une étude publiée en juin par le Conseil de l’Europe.