Christian Millet n’est plus président des Cuisiniers de France, poste qu’il occupait depuis seize ans. La Cour d’appel a confirmé le 12 octobre l’annulation de sa dernière réélection en 2020, pour avoir retoqué, sous des motifs fallacieux, la candidature de son principal opposant, Gérard Sallé. Avec des attendus saignants, que Libération a pu consulter, rappelant cette mutuelle à un peu plus de «loyauté» dans son fonctionnement interne.
Tout opposait les deux hommes. Christian Millet n’a jamais été franchement cuisinier, même s’il parade volontiers en toque blanche pour la galerie. Fils de pâtissier, il a été restaurateur, gestionnaire du Pouilly Reuilly au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis), autrefois très prisé par François Mitterrand. Avant de se lancer dans la vente de matériel de cuisine, mais sans jamais être vraiment lui-même aux fourneaux. «Comme moi, il vendait des casseroles», ironise un professionnel du secteur.
Gérard Sallé est lui un ancien chef de palaces parisiens (deux étoiles durant 35 ans), avec un CV long comme le bras : le Bristol, le Doyen, le Fouquet’s, le Plaza Athénée, Le Normandy (Deauville)… Il raconte s’être fait tout seul car «né dans les bidonvilles de Nanterre». Sa fin de carrière fut plus confortable, comme chef particulier de la direction de Canal+ et de BNP Paribas en son hôtel du quartier de l’Opéra. Il vit désormais dans un petit appartement du XVIIIe arrondissement après «avoir réduit la voilure sur [sa] vie