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Terrorisme

En Haute-Saône, un adolescent de 17 ans mis en examen pour un projet d’action violente

Arrêté lundi en possession d’un couteau, le lycéen envisageait un possible passage à l’acte «pendant le ramadan» contre «des cibles juives ou chrétiennes», a fait savoir jeudi 13 mars une source proche de l’enquête.
(Isabelle Souriment/Hans Lucas.AFP)
publié le 13 mars 2025 à 20h48
(mis à jour le 14 mars 2025 à 9h51)

Il s’agirait du premier projet d’action violente déjoué en 2025. Soupçonné d’avoir projeté une action violente, un adolescent de 17 ans, interpellé lundi en Haute-Saône, a été mis en examen jeudi 13 mars au soir et placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet national antiterroriste (Pnat). Une information judiciaire a été ouverte à son encontre pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, a appris l’AFP de sources proches de l’enquête, confirmant des informations du Parisien et de franceinfo.

Le lycéen a été arrêté «porteur d’un couteau», selon l’une de ces sources, devant un établissement scolaire, précise la station. Le suspect, qui se revendique du groupe Etat islamique selon ces deux médias, envisageait «des cibles juives ou chrétiennes», mais ce projet restait toutefois «peu précis», a souligné cette source.

D’après nos confrères, le jeune homme avait été suivi par les renseignements territoriaux pour radicalisation entre 2022 et le début de l’année 2024. Son suivi avait repris en mars 2025, après que la direction générale de la sécurité intérieure avait relevé dans des conversations sur la messagerie cryptée Telegram son intention de «passer à l’acte pendant le ramadan» 2025, a ajouté une source proche du dossier. Il avait aussi pu évoquer les consulats des Etats-Unis et d’Israël, selon cette même source.

«Mon client est mineur, c’est donc un enfant au sens de nombreuses conventions internationales», a réagi vendredi son avocat, Me Réda Ghilaci. «C’est un enfant particulièrement fragile. Il n’est pas radicalisé et ses velléités de passages à l’acte relèvent d’une volonté de mettre fin à ses jours pour stopper un mal-être profond et non d’une volonté de commettre une action terroriste», a encore assuré Me Ghilaci.

La DGSI chargée des investigations

L’adolescent a été contrôlé par la gendarmerie lundi dans une rue proche d’un lycée du secteur de Lure, a précisé une autre source proche de l’enquête. Un couteau a été découvert dans son sac. Il a initialement été interpellé et placé en garde à vue pour «port d’arme» dans une enquête ouverte par le parquet de Vesoul, selon cette source, et n’avait pas de mention à son casier judiciaire. Mardi, le Pnat s’est saisi de la procédure.

Les investigations à venir, «confiées à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) […], permettront de confirmer les cibles exactes du projet d’action violente et son imminence», a souligné le Pnat. Contacté par l’AFP, son avocat, Me Réda Ghilaci, n’a pas souhaité s’exprimer à ce stade.

Les dernières interpellations pour un projet d’action violente en France, qui ont eu un écho dans la presse, remontent à début décembre. Trois jeunes hommes, arrêtés à Nîmes et à Nantes, avaient été mis en examen, soupçonnés d’avoir projeté une action violente d’inspiration jihadiste avec des bombes artisanales et d’avoir envisagé la mairie de Poitiers comme cible. En novembre 2024, un mineur français d’origine tchétchène, né en 2008, a aussi été mis en examen et écroué pour un projet d’attentat terroriste en France d’inspiration jihadiste.

Selon «un bilan de la politique de lutte contre le terrorisme», communiqué mercredi en conseil des ministres, neuf projets d’attentats ont été déjoués en 2024, portés «pour la plupart par des sympathisants de l’Etat islamique». Selon ce même bilan, à l’intérieur du pays, la menace émane «d’individus sympathisants de la cause jihadiste, souvent jeunes et éloignés de la mouvance radicale traditionnelle : 70 % des impliqués dans des projets d’attentat depuis 2023 avaient moins de 21 ans, radicalisés en ligne pour la plupart».

La «menace jihadiste représente 80 % des procédures» diligentées par le Pnat, avait aussi rappelé mi-septembre le procureur antiterroriste Olivier Christen. «Au premier semestre 2024, il y avait eu à peu près trois fois plus de procédures» de ce type que sur la même période en 2023, avait-il ajouté.

Le début de l’année 2025 a, lui, été marqué par deux attentats islamistes : en janvier, un Français de 32 ans avait blessé au couteau une personne en criant «Allah Akbar» dans un supermarché d’Apt (Vaucluse). Et le 22 février, un Algérien de 37 ans a tué à l’arme blanche un passant et blessé six autres personnes près d’un marché à Mulhouse (Haut-Rhin).

Mise à jour : ce vendredi 14 mars à 7h52, avec l’ajout de la mise en examen du suspect et de davantage de contexte ; à 9 h 40, avec les déclarations de l’avocat.