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A la barre

Au procès des viols de Mazan, les experts s’opposent sur un «profil» des délinquants sexuels : «Il faut dépasser cette notion de violeur type»

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Procès des viols de Mazandossier
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Les expertises psychiatriques et psychologiques, rendues cette semaine pour le dernier groupe d’accusés, soulignent les limites de cet exercice. L’un des avocats des parties civiles a pointé quant à lui le caractère potentiellement dangereux de la notion de profil type d’auteur de violences sexuelles.
L'un des coaccusés lors de la trente-sixième journée d'audience du procès des viols de Mazan, le 24 octobre. (Corinne Rozotte/Divergence)
publié le 14 novembre 2024 à 21h30

Avertissement

«Libération» couvre jusqu'à la fin de l'année 2024 le procès des viols de Mazan. Ces articles relatent la description de violences sexuelles et peuvent choquer.

Ils ne sont plus que sept hommes à attendre de livrer leur vérité, à la barre de la Cour criminelle départementale du Vaucluse. Après plus de deux mois d’audiences à Avignon, ces cinquante hommes comparaissant aux côtés de Dominique Pelicot se retrouvent dans l’écrasante majorité autour d’une constante : la volonté de se détacher de l’image du violeur. Confrontés aux vidéos implacables des violences sexuelles infligées à Gisèle Pelicot, plongée dans un état comateux par celui qui était alors son mari, ils accumulent les dénégations alambiquées, tissant autour de l’idée d’un «jeu libertin» sur lequel ils auraient été dupés. Appelés à témoigner à la barre, leurs proches opposent eux aussi aux faits l’image de «bons pères de famille», amis «attentifs», toujours «bienveillants». Robert, le père de l’un des accusés, Christian L., sapeur-pompier de 56 ans accusé d’avoir violé Gisèle Pelicot en 2019, glissait encore ce jeudi : «Non, non, c’est pas lui.»

Par le nombre d’accusés, cassant le stéréotype du violeur fou et/ou désinséré socialement, ce procès pose une question essentielle : qui sont les délinquants sexuels ? N’importe quel homme peut-il commettre des violences sexuelles ? Expert psychiatre, Philippe Darbourg, a, mercredi, assumé une posture tranchée, visant à pathologiser les auteurs de violences sexuelles. Sur les sept hommes expertisés, aucun «n’apparaît comme un abuseur sexuel», assure-t-il. Invariablement, après chaque rapport, l’avoc