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Justice

«Il l’a dit, redit» : l’ex-petite amie de Cédric Jubillar l’appelle à réitérer les aveux qu’il lui aurait faits

Cédric Jubillar, dont le procès doit s’ouvrir le 22 septembre pour la disparition fin 2020 de son épouse, Delphine, sera entendu jeudi 11 septembre par les enquêteurs pour «subornation de témoins» après plusieurs appels passés à son ex qui doit témoigner contre lui.

Devant la maison de Delphine et Cédric Jubillar, à Cagnac-les-Mines (Tarn), le 6 mars 2025. (Lionel Bonaventure/AFP)
Publié le 10/09/2025 à 11h12

«Le fait qu’il ait tué sa femme, ça devenait banal dans les discussions qu’il avait avec moi.» A la veille de l’audition de Cédric Jubillar dans une enquête pour «subornation de témoin», son ancienne petite amie de 31 ans témoigne, auprès de BFM TV ce mercredi 10 septembre, des aveux qu’il lui aurait faits au parloir. Lui nie complètement les faits alors que cette dernière doit témoigner contre lui lors de son procès aux assises qui s’ouvre le 22 septembre pour la disparition fin 2020 de Delphine, sa femme, dont le corps n’a jamais été retrouvé.

Dans ce cadre, les gendarmes de la section de recherche de Toulouse vont procéder jeudi à l’audition du peintre plaquiste – la même équipe est en charge des investigations depuis la disparition de Delphine Jubillar dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines, dans le Tarn. Cédric Jubillar est en détention depuis 2021 au centre pénitentiaire de Seysses, près de Toulouse, d’où il a passé les appels.

Son ex-petite amie, qui entretenait une relation amoureuse avec le détenu depuis l’automne 2021, d’abord par courrier et téléphone, puis au parloir de l’automne 2024 jusqu’au 18 juin, doit témoigner devant la cour d’assises du Tarn. En juillet, elle a rapporté aux enquêteurs que Cédric Jubillar lui avait avoué avoir tué son épouse lors d’un parloir. Il lui aurait assuré avoir «tout préparé et pensé à tout», persuadé que «personne ne l’avait vu» lors de l’acte supposé, mais a refusé de lui confier précisément où se trouve le corps.

«Si tu me trompes, tu vas finir à côté d’elle»

Selon ces éléments, il aurait dit l’avoir étranglée une fois sur le canapé, une autre fois derrière. Tout se serait passé à l’intérieur de la maison, tandis que des voisines racontent avoir entendu cette nuit-là des cris de femme alors qu’elles se trouvaient dehors.

Une première fois, lors d’un parloir au mois d’avril, la jeune femme lui aurait demandé «si c’était lui qui avait tué Delphine» et Cédric Jubillar lui aurait répondu «par l’affirmatif» en hochant la tête, expliquant l’avoir «étranglée» en mettant son bras autour de son propre cou. Il l’aurait réaffirmé une deuxième fois, lors d’un parloir ultérieur, en mimant le geste autour du cou de sa petite amie et en lui disant : «Si tu me trompes, tu vas finir à côté d’elle.»

«Cédric Jubillar conteste avoir fait le moindre aveu à cette femme […]. Il n’a jamais dit ça, a répondu en juillet son avocat, Alexandre Martin. Maintenant, c’est à la justice […] de nous dire la crédibilité qu’elle entend donner à ce témoignage.» L’accusé aurait, selon des documents judiciaires, déjà affirmé à un codétenu ainsi qu’à une autre ex-compagne avoir tué l’infirmière alors âgée de 33 ans. «A force d’être emmerdé par les uns et les autres, il avait pu dire ce qu’il a dit à l’époque, concède son avocat. Mais là, avec elle, il conteste absolument avoir fait quelque aveu que ce soit.»

«Tu as peur de quoi ?»

«Il l’a dit, redit, ça faisait partie des discussions […]. Sachant qu’il a déjà essayé aussi de m’étrangler une autre fois pour me montrer», témoigne ce mercredi Jennifer C. auprès de BFM TV. Elle lui demande de «réitérer» ses paroles, «devant les jurés, devant la famille de Delphine, devant ses amis, devant toutes ces personnes qui attendent des réponses».

Cédric Jubillar ne semble pas l’entendre de cette oreille, en témoignent les multiples coups de fil passés à son ex depuis qu’elle a publiquement pris la parole pour l’accabler. «On a été saisis par l’administration pénitentiaire qui a constaté que Cédric Jubillar avait tenté d’appeler à plusieurs reprises le 4 septembre au soir cette dame et qu’il avait laissé des messages sur son téléphone», affirme le parquet de Toulouse, qui a annoncé dimanche l’ouverture d’une enquête pour «subornation de témoin et appels malveillants réitérés».

Selon l’avocat de la jeune femme, qui n’a pas décroché, Cédric Jubillar lui a laissé le message suivant : «Réponds quand je t’appelle. Tu as peur de quoi Et Me Joaquinito Maria Alogo de Obono de pointer : «Ce n’est pas une phrase d’une personne qui veut avoir une conversation cordiale, mais plutôt une personne qui veut intimider, et dans le cas d’espèce menacer.»