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«Il m’a dit que sa femme ferait semblant de dormir» : le profil de Charly Arbo, condamné au procès des viols de Mazan

Procès des viols de Mazandossier
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Jugés depuis trois mois à la cour criminelle départementale du Vaucluse, Dominique Pelicot et 50 hommes sont accusés d’avoir violé son ex-épouse sous soumission chimique. Parmi eux, Charly Arbo, 30 ans, a envisagé de sédater et faire violer sa mère.
publié le 9 décembre 2024 à 9h51

Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, la plupart poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict rendu ce jeudi 19 décembre.

Nom : Charly Arbo

Age : 30 ans

Profession : intérimaire

Faits : six venues, entre 2016 et 2020

Statut : comparaît détenu, depuis quarante-cinq mois en détention provisoire pour «viols aggravés»

Peine requise : 16 ans

Verdict : 13 ans d’emprisonnement, maintenu en détention.

Il n’avait que 21 ans lors de sa première venue à Mazan, en janvier 2016. Refusant la qualification de viol, Charly Arbo y retournera cinq autres fois, entre décembre 2018 et juin 2020. Depuis l’adolescence, cet intérimaire, comparaissant détenu, consomme de la pornographie à haute dose. Il aurait pu suivre un «script normatif véhiculé par le porno sur internet», note l’expert psychiatre. Dominique Pelicot, qu’il rencontre sur Coco, lui aurait «dit que sa femme […] fer[ait] semblant de dormir». Les yeux hagards, Charly Arbo déclare ne pas s’être rendu compte que Gisèle Pelicot était inconsciente et que c’est seulement «à la troisième ou quatrième fois» que Dominique Pelicot l’a informé qu’il lui donnait des somnifères.

Alors que les rapports de l’aide sociale à l’enfance font état de carences éducatives et violences graves, le jeune homme ne s’y attarde pas. Il décrit des parents qui lui «donnaient ce qu’ils avaient», une mère «aimante» et balaye rapidement les violences que son beau-père lui a infligées en sa présence. Sur l’une des vidéos, en juin 2020, Dominique Pelicot l’interroge : «Et ta mère, on la baise quand ?» «Si c’est pas ce week-end, c’est le week-end d’après», lui répond-il. Ce projet de viol sous soumission chimique visait seulement «à ce qu’il [lui] lâche la grappe», assure-t-il. Des comprimés lui seront fournis, dont cet accusé, décrit comme «immature», assure ne pas avoir fait usage. Une faible dose d’anxiolytiques a néanmoins été retrouvée dans les cheveux de sa mère.