Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, dont la quasi-totalité étaient poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict rendu ce jeudi 19 décembre.
Nom : Abdelali Dallal
Age : 47 ans
Profession : Ex-cuisinier.
Faits : Deux venues, dans la nuit du 1er au 2 janvier 2018, puis dans la nuit du 6 au 7 mars 2018.
Statut : Comparaît libre après douze mois de détention provisoire.
Peine requise : Treize ans de réclusion criminelle.
Verdict : 8 ans d’emprisonnement, mandat de dépôt à effet différé.
Dans la litanie des interrogatoires des accusés du procès des viols de Mazan, rares sont ceux ayant reconnu sans détour qu’ils savaient que Gisèle Pelicot serait endormie, sous somnifère. Abdelali Dallal en fait partie. Pour autant, il dit aussi avoir accepté l’invitation de Dominique Pelicot en pensant qu’il allait retrouver un couple libertin pour avoir une relation échangiste et que l’épouse de ce dernier finirait par se réveiller. «On ne peut pas savoir. Moi j’en prends [des somnifères] et je peux me réveiller.» «Est-ce que monsieur Pelicot vous avait précisé qu’il chargeait la dose ?» a alors insisté Roger Arata, le président. «Oui, il m’a dit qu’elle n’allait pas se réveiller», rétorque-t-il.
Abdelali Dallal, arrivé en France du Maroc à l’âge de 5 ans, a grandi dans une famille unie. Il est le seul des accusés à être retourné plus d’une fois au domicile des Pelicot à comparaître libre. Victime d’un AVC en 2019, il est aujourd’hui lourdement handicapé, toute la partie gauche de son corps est paralysée. Devant la cour, il explique péniblement être venu le premier soir à Mazan sans préservatif, et avoir refusé de pénétrer Gisèle Pelicot avec son sexe – bien qu’il lui inflige des pénétrations digitales – malgré l’insistance de son ex-mari. Les enquêteurs ont rapporté leur dialogue : «Vas-y, tu risques rien je te dis, prends-la ! insiste Dominique Pelicot. — Je peux pas, je suis désolé vraiment, répond Abdelali Dallal - Frotte encore ! Baise-la, putain, tu l’as ! — J’aimerais trop, j’aimerais trop.» Il y retournera deux mois plus tard, cette fois avec des préservatifs. «Même maintenant, je ne sais pas pourquoi j’y suis allé.»