Premier volet de notre enquête sur la criminalité serbe et la messagerie cryptée Sky ECC, infiltrée par la police française. Le second épisode est une plongée dans le procès enlisé de la mafia serbe à Belgrade
Ce 4 octobre, la garde à vue s’étire depuis déjà plus de trente heures dans les locaux de la PJ de Nice. Policière à la brigade financière de Monaco, Céline P., 44 ans, ne s’était encore jamais retrouvée dans la peau d’une suspecte. Malgré la fatigue, elle s’efforce de répondre aux questions des enquêteurs sur ses liens avec un homme d’affaires serbe au profil trouble, Branivir V. Elle évoque une relation «amicale» et «festive» avec celui qu’elle qualifie tour à tour de «margoulin» et de «petite frappe», mais dont elle assure avoir toujours ignoré le véritable statut. Celui de lieutenant d’une puissante organisation mafieuse spécialisée dans le trafic de drogue et d’armes, soupçonné par la justice d’utiliser Monaco comme plateforme de blanchiment. Face aux éléments de plus en plus édifiants opposés à ses dénégations, la policière finit par s’effondrer. «Je suis scotchée, bredouille-t-elle. Je n’ai jamais aidé ces gens, je n’ai jamais agi pour eux… J’aimais juste faire la fête et là je prends tout dans la gueule.