Des menaces d’attentat terroriste et une vidéo de décapitation. Plusieurs lycées de la région parisienne ont reçu des messages alarmants notamment via leurs espaces numériques de travail (ENT), a fait savoir l’AFP ce jeudi 21 mars, citant notamment des sources policières et du ministère de l’Education nationale. Selon les informations de Franceinfo, le parquet de Paris a ouvert une enquête des chefs «d’accès et maintien frauduleux dans un système de traitement automatisé de données» et «introduction frauduleuse de données». Deux plaintes ont été déposées concernant ces cyberattaques, dont une émanant de la région Ile-de-France, indique le ministère public.
Dans l’après-midi, Gabriel Attal a promis que le gouvernement «traque» les auteurs de ces attaques. «Je le rappelle ici à ces auteurs : ils pensent rester anonymes mais nous les traquons. Ils pensent être à l’abri mais nous les sanctionnons. Plusieurs dizaines d’auteurs de ces menaces, intervenues ces derniers mois, ont d’ores et déjà été judiciarisés», a déclaré le Premier ministre. Ce dernier a par ailleurs annoncé la tenue le 4 avril d’une réunion sur la sécurisation de «150 à 200» établissements qualifiés de «plus particulièrement à risque», promettant de «nettoyer les trottoirs aux abords» face aux «gangs» et aux «deals».
Selon une source policière dans les Yvelines, un message annonçant un attentat à l’explosif a été envoyé à au moins cinq lycées du département, mercredi soir et dans la nuit de mercredi à jeudi. «Le ou les auteurs pirataient une adresse mail d’un élève afin de diffuser le message et une vidéo de décapitation sur toutes les boîtes», a précisé cette source. Le même message a été envoyé «dans quatre départements de la grande couronne», a ajouté une autre source policière.
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Le ministère de l’Education nationale évoque «une vingtaine d’établissements concernés en Ile-de-France», avec des «menaces et apologie-provocation au terrorisme», soit «plusieurs infractions graves». «Les services de police, immédiatement avisés, font le nécessaire pour s’assurer de la sécurité des élèves», assure le ministère, évoquant «plusieurs levées de doute» quant à ces menaces «entre [mercredi] soir et [jeudi] matin». Selon le quotidien Ouest-France, trois établissements faisant partie du même groupe scolaire ont également été visés à Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine. «Par sécurité, nous avons fait vérifier les locaux sur les trois sites d’enseignement. Nous n’avons rien trouvé», ont assuré les directeurs dans un courrier adressé aux parents.
D’après BFM TV, l’auteur de ce message affirmerait vouloir passer à l’acte entre 11 heures et 15 heures ce jeudi et se revendiquerait de l’Etat islamique. «J’ai mis du C4 partout dans le lycée et dans les classes. J’espère que vos corps de “kuffars” [personnes non croyantes, ndlr] vont exploser en 1 000 morceaux, je ramènerais mes chiens pour venir vous déchiqueter bande de mécréants», aurait-il écrit.
«Des faits d’une extrême gravité»
La région Ile-de-France a annoncé avoir «déposé plainte ce matin au cyberparquet de Paris suite à la création d’un site frauduleux visant à hacker [pirater] l’ENT régional». «Suite à ce hacking, des mails frauduleux ont été envoyés à des lycéens d’Ile-de-France avec des menaces d’attentat islamiste», a-t-elle ajouté. La présidente de la région, Valérie Pécresse (LR), a dénoncé «des faits d’une extrême gravité, qui appellent des sanctions exemplaires pour les auteurs de ces infractions». Elle a également fait savoir sur X qu’elle avait saisi la justice.
Cyber attaque et cyber menaces terroristes sur les lycées d’Île-de-France : la région a saisi la police et la justice. Les brigades régionales de sécurité sont sur site pour aider à la levée de doute et à la sécurisation des sites. Je souhaite que les auteurs soient rapidement…
— Valérie Pécresse (@vpecresse) March 21, 2024
L’ENT d’Ile-de-France a été suspendu, et la région «met tout en œuvre pour que la situation revienne à la normale». Les menaces sont «passées par l’ENT, la boîte mail interne de l’école ou encore le site Pronote», a précisé le ministère. L’Education nationale «s’assure par ailleurs qu’il n’y a pas de compromission des réseaux du fait de l’envoi de ces messages parfois sur des réseaux internes». «Des services d’enquête spécialisés sont mobilisés pour identifier le ou les auteurs» et l’«on condamne évidemment ces menaces graves», ajoute le ministère, qui «propose un accompagnement psychologique à tous les enfants ou adultes qui ont visionné malgré eux les vidéos choquantes».
Mise à jour le 21 mars à 15h13 : ajout de l’ouverture d’une enquête.
Mise à jour le 21 mars à 15h36 : mention des établissements bretons également visés.
Mise à jour le 21 mars à 18h15 : le gouvernement «traque» les auteurs de ces attaques, assure Gabriel Attal.