Le Parquet national financier (PNF) a classé lundi l’enquête visant le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, ainsi que Polytechnique concernant le projet d’implantation, par la suite abandonné, d’un bâtiment du groupe pétrolier sur le campus essonnien de l’école. Sollicité par l’AFP, le PNF a confirmé avoir «procédé lundi au classement sans suite de l’enquête préliminaire ouverte des chefs de prise illégale d’intérêts et favoritisme, complicité et recel de ces infractions suite à un signalement des associations Anticor, Greenpeace et la Sphinx au motif qu’au terme de l’enquête, les infractions n’étaient pas suffisamment caractérisées».
En avril 2021, les ONG Greenpeace et Anticor, ainsi que l’association d’anciens élèves de l’école Polytechnique, la Sphinx, avaient déposé plainte au tribunal judiciaire de Paris pour «prise illégale d’intérêts». Toutes reprochaient à Patrick Pouyanné, nommé au conseil d’administration de Polytechnique en septembre 2018, d’avoir entretenu la confusion entre son mandat d’administrateur de l’école et celui de PDG de TotalEnergies lors des débats sur l’implantation de ce centre de recherches au cœur du campus universitaire. L’implantation de ce bâtiment, d’une surface de 10 000 m², devant accueillir 400 personnes pour travailler sur la «décarbonation des énergies», avait été contestée par une partie des élèves et des professeurs de Polytechnique. Une manifestation avait eu lieu en mars 2020, et le projet avait été finalement abandonné début 2022.
«Un recul dans la lutte contre les infractions à la probité»
Ce classement de l’enquête «constitue un recul dans la lutte contre les infractions à la probité qui inquiète les plaignantes», ont déploré les trois associations dans un communiqué mardi. Elles «regrettent qu’un dossier visant une personnalité particulièrement influente, une multinationale française et une institution publique de premier plan, n’ait pas conduit à la désignation d’un juge d’instruction indépendant du pouvoir exécutif». C’est pourquoi «Anticor, la Sphinx et Greenpeace France réfléchissent au dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile afin que soit désigné un juge d’instruction», prévient le communiqué.
Le PNF précise que «la question que posait le dossier était de savoir si Patrick Pouyanné avait exercé la surveillance et l’administration de l’opération d’implantation du centre de recherche en sa qualité d’administrateur de l’Ecole polytechnique, et notamment si les modalités de son intervention au cours d’un conseil d’administration pouvaient caractériser une prise illégale d’intérêts». Or, le PNF a estimé que son intervention lors d’un conseil d’administration d’avril 2020 avait été «très limitée» et «transparente».