La venue du Président en Nouvelle-Calédonie, annoncée mardi 21 mai, a-t-elle un effet apaisant ou augmente-t-elle, au contraire, la tension sur l’archipel ? Le Haut-Commissariat de la République parle bien d’une nuit de mardi à mercredi «plus calme que la précédente», malgré, tout de même, deux écoles et 300 véhicules d’un concessionnaire partis en fumée. Pire, «très peu de temps après l’annonce» de sa venue, la Nouvelle-Calédonie a été visée par une cyberattaque «d’une force inédite» visant à «saturer le réseau calédonien», a indiqué lors d’une conférence de presse Christopher Gygès, membre du gouvernement collégial calédonien. L’attaque, consistant en l’envoi simultané de «millions d’emails», a été stoppée «avant qu’il y ait des dégâts importants», a-t-il dit.
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Publiée par Nouvelle-calédonie la 1ère sur Mardi 21 mai 2024
Mercredi matin, des incendies étaient visibles en plusieurs secteurs de l’agglomération de Nouméa, dont la zone industrielle de Ducos. Il est «beaucoup trop tôt» pour faire un bilan global des dégâts, car il y a encore des quartiers où les agents ne vont pas, a expliqué l’administration de la ville de Nouméa, tandis que le Haut-Commissariat a indiqué dans son communiqué que «plus de 90 barrages ont déjà été neutralisés et sont progressivement nettoyés». Mais si la police ne maintient pas une présence sur les sites, les barrages peuvent refleurir aussitôt après le départ des forces de l’ordre.
Depuis le début des violences, six personnes ont été tuées, dont deux gendarmes mobiles. Quelque 84 policiers et gendarmes ont aussi été blessés, a affirmé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin devant les députés, qui ont observé mardi une minute de silence en hommage aux morts. «Trois policiers de la BAC ont été également blessés et évacués vers Paris. Ils ont été grièvement blessés à la suite du cambriolage d’une armurerie. Ils sont pris en charge dans un hôpital parisien», précise également le Haut-Commissariat de la République, lors d’une conférence de presse. Les forces de l’ordre ont procédé à 276 interpellations, dont 248 menant à des gardes à vue, a précisé Gérald Darmanin, qui sera en Nouvelle-Calédonie avec le président Macron. Le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, est aussi du déplacement.
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Signe de la difficulté à reprendre en main la situation sécuritaire, l’aéroport international de l’archipel restera fermé aux vols commerciaux jusqu’à samedi matin. L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont commencé mardi à évacuer leurs ressortissants piégés par les violences, une centaine ayant déjà «regagné leurs territoires grâce à des vols affrétés par leurs autorités», selon le Haut-Commissariat. Les mesures exceptionnelles de l’état d’urgence sont maintenues : couvre-feu nocturne, interdiction des rassemblements, du transport d’armes, de la vente d’alcool et de l’application TikTok.
Saisi par des défenseurs des libertés, le Conseil d'Etat a accordé mardi 24 heures supplémentaires au gouvernement pour motiver le blocage du réseau social et apporter des preuves du rôle que lui attribuent les autorités dans les émeutes. Sur le front politique, les principales figures non-indépendantistes de l’archipel ont appelé à poursuivre l’examen de la réforme constitutionnelle contestée, qui doit être adoptée avant fin juin par le Congrès à Versailles.
Son retrait serait «une erreur gravissime» qui donnerait «raison aux casseurs, aux pilleurs et aux émeutiers», a jugé mardi le député (Renaissance) de Nouvelle-Calédonie, Nicolas Metzdorf. Mais plusieurs élus non-indépendantistes ont appelé à mettre le projet sur pause, le temps de renouer le dialogue. C’est le cas de Sonia Lagarde, maire de Nouméa, ou du parti Calédonie Ensemble dont le président, Philippe Gomes, estime que «la révision constitutionnelle devra être reportée». Les appels se sont multipliés, de la gauche à l’extrême droite en passant par la majorité, pour réclamer un report de cette réforme qui aurait pour conséquence de marginaliser les voix de la communauté autochtone kanake, selon les indépendantistes.