Trois mois durant, le coupable était là, dit Isabelle Fouillot. Son regard se tourne vers le «là» : dans le salon, face à la télévision. Après le drame, il a vécu, matin et soir, avec les parents d’Alexia, retrouvée morte à 29 ans dans un bois bourguignon à l’automne 2017. Qui ignore encore quelque chose de cette histoire passée entre les hélices de stylos, de micros, et des caméras ? Jonathann Daval, le gendre, a pleuré une piscine lors d’une marche blanche, enfilé son costume de mariage pour enterrer son épouse, choisi la couleur du cercueil et donc, partagé l’intimité de ses beaux-parents qui n’en démordent pas : ils le considéraient comme un fils. Et c’était lui le meurtrier. Jean-Pierre Fouillot, 65 ans : «Celui qui m’aurait dit pendant ces trois mois, “Jonathann l’a tuée”, je l’aurais « insulté ». On n’y a pas cru sur le moment. Vous savez, il avait sa place dans le caveau familial, à côté de nous et d’Alexia.»
Les gendarmes l’ont finalement cueilli trois mois après le crime, la presse a débattu du terme féminicide, et les parents d’Alexia se bagarrent depuis contre une peine à tiroirs. Le chagrin inconsolable d’avoir perdu son enfant, la culpabilité de n’avoir rien vu venir, le regret d’avoir fait confiance à leur bourreau. L’autre culpabilité de se dire, que «Jonathann», grignoté par les TOC, traîne sûrement des fêlures et qu’il est donc humain. Chacun des tiroirs est plein à ras le bord. Et chaque jour, il faut tous les ouvrir. Isabelle : «Il nous a