Après l’inquiétude, la sidération. Christophe B. n’a plus donné signe de vie depuis le 11 mai. Ce professeur de philosophie a pour la dernière fois été aperçu au guidon de sa moto en train de quitter son domicile de Reventin-Vaugris (Isère). Avis de recherche, battue à 200 participants, page Facebook dédiée… Alors qu’elle se battait depuis des jours pour le retrouver, sa sœur a posté en ligne mercredi 28 mai un message inattendu demandant à ses contacts de ne plus relayer ses appels à témoin. Tout en s’excusant : «Je demande pardon à tous, je n’étais pas au courant.»
Sa publication intervient alors que, dans les médias, des révélations ont émergé autour de l’enseignant. D’après des sources concordantes du Dauphine Libéré, le quadragénaire est visé par deux plaintes pour viol et agression sexuelle sur mineur. L’une a été déposée à Chartres, l’autre à Blois le 3 février dernier par une femme de 30 ans. La mère de cette dernière confirme auprès du Progrès, à qui elle écrit pour «rétablir la vérité».
Moniteur de judo
Dans son récit, elle raconte que sa fille aurait été âgée de 14 ans au moment des faits. «Quand on est arrivé dans la commune, nous avons inscrit plusieurs de nos enfants au club [...], où ce professeur était moniteur. Très rapidement, on a sympathisé avec ce monsieur qui était très sympathique. Jusqu’à passer le 31 décembre ensemble», narre-t-elle.
Une relation dont il se serait servi pour abuser de l’adolescente, qu’il aurait proposé de ramener de ses cours de guitare. Un trajet qui ne devait durer que cinq minutes mais qui, au fil du temps, serait devenu de plus en plus long. Ce n’est que des années plus tard que l’adolescente, devenue adulte, se confie à ses proches : elle aurait alors été violée par le professeur.
Enquête
Christophe B. fuit-il la justice ? C’est le lycée Ella-Fitzgerald où il enseigne à Saint-Romain-en-Gal (Rhône) qui, le 13 mai, a donné l’alerte en premier. Non seulement l’absence de l’enseignant depuis deux jours surprenait, mais un message envoyé à ses élèves suscitait alors l’inquiétude. Expliquant qu’il ne reprendrait pas les cours, le professeur transmettait le reste du programme pour la fin d’année. Et leur souhaitait bonne chance pour le baccalauréat.
Battue de 200 personnes
Jusqu’ici, la piste d’un acte suicidaire semblait privilégiée. A son domicile, laissé ouvert, les enquêteurs ont retrouvé une lettre. «Cette lettre ne colle pas, il y parle de la mort mais il dit aussi qu’il est heureux», insistait il y a quelques jours sa sœur auprès du Figaro, en expliquant que Christophe B. vivait alors une période heureuse de sa vie. Auprès de certains médias, cette dernière se refusait à parler de courrier d’adieu, préférant l’expression de «lettre d’au revoir».
La moto à bord de laquelle l’enseignant a pour la dernière fois été aperçu a été retrouvée à l’entrée d’un sentier de randonnée à une trentaine de kilomètres de chez lui, cinq jours après sa disparition. Son téléphone a continué de borner durant plusieurs jours dans le même secteur.
Le 24 mai, quelques jours avant ces révélations, ses proches avaient organisé une battue réunissant plus de 200 personnes dans le massif du Pilat. «Christophe est très aimé. Tous ses élèves sont peinés. C’est un prof à part dans sa façon d’enseigner. Il marque les esprits de tout le monde. Enormément de gens continuent les recherches tous les jours, c’est assez incroyable», rapportait alors sa sœur au Courrier de l’Ouest.
Hélicoptère, drones, équipes cynophiles… Du côté de la gendarmerie, les grands moyens aussi ont été déployés pour tenter de retrouver le quadragénaire, par ailleurs moniteur de judo. Sans succès jusqu’à présent.