Menu
Libération
Narcotrafic

Isolement «extrêmement difficile» : le narcotrafiquant Mohamed Amra a passé sa première nuit en prison

Le narcotrafiquant remis à la France a passé sa première nuit dans la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne). Gérald Darmanin a assuré ce mercredi 26 février que Amra était soumis à des conditions de détention drastiques.
Arrêté sous mandat d’arrêt européen, Mohamed Amra a été transféré de Roumanie en France, mardi 25 février, sous haute sécurité. (Julien de Rosa/AFP)
publié le 26 février 2025 à 14h45
(mis à jour le 26 février 2025 à 19h44)

Mohamed Amra est confronté à «des consignes d’extrême fermeté» et d’isolement «extrêmement difficile». C’est ce qu’a assuré à la presse ce mercredi 26 février matin le ministre de la Justice Gérald Darmanin au sujet du narcotrafiquant de 30 ans. L’homme a été remis à la France mardi après neuf mois de cavale et son arrestation en Roumanie à Bucarest. Celui qui est surnommé dans le milieu criminel «La Mouche» a passé une première nuit dans la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe (Orne) à l’issue de sa mise en examen dans l’enquête sur sa sanglante évasion.

Le ministre de la Justice a précisé que Mohamed Amra est soumis à une unique «heure de promenade par jour, seul, sans jamais croiser un autre détenu» et seulement «deux heures de communication téléphoniques» qui seront «écoutées par les services de renseignement».

Pour ses proches ou son avocat, il a le droit à «trois visites par semaine, extrêmement contrôlées, avec des fouilles systématiques».

17 000 narcotrafiquants incarcérés en France

Arrêté sous mandat d’arrêt européen, Mohamed Amra a été transféré de Roumanie en France mardi 25 février sous haute sécurité. Le natif de Rouen a été mis en examen tard dans la soirée au tribunal de Paris pour meurtres, tentative de meurtres, évasion, vol et recel de vol, le tout en bande organisée, ainsi que pour association de malfaiteurs.

Dans des affaires judiciaires, «l’isolement peut être justifié, mais il doit se faire dans le respect d’une dignité qu’on doit maintenir», avait déclaré dans la foulée à la presse Hugues Vigier, l’avocat de Mohamed Amra. «Il est absolument nécessaire de veiller à ce que l’isolement de Mohamed Amra respecte cette dignité. Notre démocratie ne se grandira que si elle traite ceux qu’elles considèrent comme les pires, à tort ou à raison, le plus dignement possible», a insisté son conseil.

Depuis son évasion, le cas Amra a sans cesse été invoqué par le garde des Sceaux pour justifier la création d’une nouvelle prison en juillet, destinée aux trafiquants de stupéfiants et fondée sur un nouveau régime carcéral d’isolement inspiré de la lutte anti-mafia en Italie. Premier objectif de ces structures : mieux surveiller et comprendre le degré de dangerosité des «17 000 narcotrafiquants» qui dorment «aujourd’hui dans les prisons françaises» et «isoler de l’extérieur les 600-700 détenus les plus dangereux», a réaffirmé ce mercredi le Garde des Sceaux.

Le ministre veut par exemple que ces détenus considérés particulièrement sensibles, déjà mis à l’écart à l’isolement, ne puissent plus être extraits de prison pour être interrogés ou signer des documents, mais aient recours à la visioconférence. Ceux qui gravitent autour de ces criminels d’envergure sont aussi dans la ligne de mire des forces de l’ordre.

Dans le dossier de Mohamed Amra, 24 complices présumés étaient en garde à vue mardi soir. Mercredi matin, il n’y avait pas eu d’autre interpellation selon une source proche du dossier. Parmi eux se trouvent «une partie des suspects» des meurtres des deux agents pénitentiaires, avait indiqué mardi la procureure de Paris, Laure Beccuau.

L’évasion de Mohamed Amra lors de son transfert entre le tribunal judiciaire de Rouen et la maison d’arrêt d’Évreux. Le 14 mai 2024, au péage d’Incarville, le fourgon pénitentiaire qui transportait Mohamed Amra était attaqué par un commando lourdement armé. Les surveillants Arnaud Garcia, 34 ans, et Fabrice Moello, 52 ans, ont été abattus par les assaillants qui ont ensuite exfiltré le narcotrafiquant multirécidiviste. Arrêté par la police roumaine neuf mois plus tard à Bucarest, Amra envisageait de subir une opération de chirurgie esthétique et de fuir en Colombie.