Notre rendez-vous a lieu boulevard Saint-Michel, dans le Ve arrondissement de Paris, au cabinet Haïk et Associés. Les locaux sont lumineux et chaleureux. Certaines personnes installent un rapport de force par une façon de se mouvoir ou par le regard, des manières étrangères à Jacqueline Laffont. Sous sa chemise, ses bras menus se dessinent à peine. Elle dégage un mélange de douceur et de stabilité. «Vous avez demandé leur avis à des pénalistes ? Ils admirent tous Jacqueline. C’est une grande avocate, vous savez ? Je l’ai souvent vu plaider : elle est aussi remarquable en défendant Patrice de Maistre dans l’affaire Bettencourt qu’auprès des détenus en comparution immédiate. Je l’aime beaucoup», dit Dominique Simonnot, ancienne chroniqueuse judiciaire à Libération et au Canard enchaîné, et depuis peu contrôleuse des lieux de privation de liberté.
De façon inattendue, «romanesque» est l’un des qualificatifs qui saisit le mieux Jacqueline Laffont. Fille d’un commissaire de la marine et d’une mère au foyer, tous deux catholiques, gaullistes «et humanistes», la fluette Jacqueline est devenue une grande pénaliste. Elle était déjà fiancée lorsqu’elle est tombée amoureuse à 23 ans de Pierre Haïk, de dix ans son aîné. L’avocat travaillait seul et cherchait une collaboratrice. Juif p