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«J’ai participé à l’horreur que vous avez vécue» : le profil de Saifeddine Ghabi, condamné au procès des viols de Mazan

Procès des viols de Mazandossier
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Jugés depuis trois mois à la cour criminelle départementale du Vaucluse, Dominique Pelicot et 50 hommes sont accusés d’avoir violé son ex-épouse sous soumission chimique. Parmi eux, Saifeddine Ghabi, 37 ans, reconnaît une «tentative de viol».
publié le 10 décembre 2024 à 15h50

Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, la plupart poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict rendu ce jeudi 19 décembre.

Nom : Saifeddine Ghabi

Age : 37 ans

Profession : chauffeur routier

Faits : une venue, la nuit du 2 au 3 novembre 2019

Statut : comparaît libre, après 6 mois en détention provisoire pour «viol aggravé»

Peine requise : 10 ans pour «tentative de viol aggravé»

Verdict : 3 ans d’emprisonnement avec sursis simple, pas de mandat de dépôt, ressort libre.

C’était «sa première expérience libertine». La nuit du 2 au 3 novembre, Saifeddine Ghabi se rend au domicile de Dominique Pelicot, avec qui il est entré en contact le jour même sur Coco. Un site qu’il fréquente depuis trois ans. Ce chauffeur routier connaît bien Mazan, il y a construit des piscines quelques années auparavant. Le maçon de formation roule alors entre Fréjus et Nice quand son interlocuteur lui aurait affirmé : «Elle ne va pas vous regarder, elle ne va pas vous parler.» Lorsqu’il entre dans la chambre, il sent que «quelque chose ne va pas, c’est pas des gens normaux qui peuvent supporter cette chaleur». Et ajoute : «J’ai pas appelé la police mais j’ai bien entendu madame Pelicot ronfler. J’avais honte aussi, j’étais en train de tromper ma femme.»

Marié depuis 2013 et père d’un garçon de 10 ans, il ne reconnaît qu’une tentative de viol aggravée. «La peine encourue pour une tentative de viol ou un viol, c’est pareil. Je suis là pour dire la vérité, madame Pelicot est là pour entendre la vérité.» Une vidéo le montre pourtant pendant plus de trois minutes faire des mouvements de bassin laissant penser à une pénétration pénienne. Il témoigne ne pas avoir réussi «faute d’érection» et avoir «mimé» l’acte «par honte». Faute d’une preuve visuelle formelle de la pénétration, le ministère public a demandé de requalifier les faits en «tentative de viol aggravé». S’adressant à Gisèle Pelicot, Saifeddine Ghabi : «Pardon Madame Pelicot j’ai participé à l’horreur que vous avez vécue. Je ne souhaite à aucune femme sur terre d’avoir vécu ce que vous avez vécu durant dix ans.»