Albane M., 22 ans, fait face à Loup B., 27 ans. Ils sont à un mètre l’un de l’autre. Elle a perdu son père, Georges M. alias «Diego». L’autre est jugé pour avoir participé à la séquestration, à la mort, à la découpe et à l’incinération de ce père. «J’aimerais savoir pourquoi ils ont fait ça.» «Parce qu’on m’a dit qu’il avait violé.» Elle reste droite, le fixe, attend. Lui, beaucoup plus imposant, baisse la tête mais finit par se tourner vers elle : «Je suis sincèrement désolé, je regrette énormément. Je sais que ce n’est pas pardonnable.» Il regarde de nouveau le sol. Charles Pinarel, le président de la cour d’assises de l’Aveyron qui a créé ce moment à dessein, met fin à l’échange.
Quelques heures plus tard, l’avocat général a requis trente ans de réclusion criminelle contre l’accusé principal Philippe S., quinze contre Loup B., «car sans lui, ç’aurait été impossible», et huit contre Nathalie C., «car sans elle, ça n’aurait pas été possible».
A la barre
Diego a disparu, dans tous les sens du terme. Jusqu’à l’impressionnante prise de parole de sa fille «au nom