Avertissement
Cet article relate la description de violences sexuelles et peut choquer.
L’horizon d’Armandina Bakutu Pena est rétréci. La vie de cette ancienne commerçante angolaise est recroquevillée dans son petit appartement d’Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne), qu’elle occupe avec son conjoint électricien et ses trois enfants, nés en France. Faute d’avoir pu obtenir une carte de séjour, elle reste là «du matin au soir», assignée aux tâches domestiques. «C’est comme si j’étais en prison», résume-t-elle, installée sur un large canapé d’angle, dos à la fenêtre où se dessine une forêt. Depuis peu, elle évite même les rues de cette commune qu’elle arpente depuis deux décennies. «Ici, je ne me sens pas en sécurité.» Cette femme de 49 ans accuse Jean-Pierre D., le policier ayant enregistré sa plainte pour violences conjugales, de l’avoir violée à deux reprises à l’hiver 2023. «Traumatisée», elle espère déménager «pour reprendre [sa] vie». «Dès que je vois une voiture de police, je sens de mauvaises sensations. Là où je croyais être protégée, ce fut ma mort.»
Sa voix se tord à l’évocation de ce 22 février 2023. Son conjoint, qu’elle accuse de l’avoir frappée par le passé, la menace. Elle appelle la police. Les agents lui disent d’aller porter plainte, ce qu’elle fait. Jean-Pierre D., 55 ans, la reçoit dans son bureau du commissariat de Pontault-Combault, à quelques kilomètres de chez elle, et ferme la porte, raconte-t-elle. A la fin de l’audition, le fonctionnaire lui demande une relation sexuelle ; elle refuse. Mais le policier se