Dans le bureau baigné de lumière, la préface surplombe un tas de feuilles. Elle est posée sur la dernière version de la bande dessinée avant impression. Et commence ainsi : «Un anéantissement total. Voilà ce que Christine et moi ressentons après l’assassinat de notre petit Grégory, le 16 octobre 1984. Un corbeau dont nous ne connaissons toujours pas l’identité a tué notre fils pour “me faire mourir de chagrin”.» Dans la cuisine, une dizaine de pots de confiture sont sagement alignés. La nuit dernière, à 4 heures du matin, Pat Perna – né Patrice Perna, il y a cinquante-huit ans – n’arrivait pas à fermer l’œil. Alors il s’est levé et a fait un sort aux 3 kilos de prunes données par le voisin. Parfois, le trac cuit dans le sucre et les angoisses fondent avec les fruits. Depuis que l’information a fuité début septembre sur la publication prochaine du roman graphique Grégory (1), écrit avec Jean-Marie Villemin, son téléphone n’arrête pas de sonner. Les journalistes font le siège. Il faut dire que l’événement est double. Le père du petit garçon – qui ne s’était pas exprimé depuis trois décennies – signe la préface. Le mystère, sans doute le plus célèbre des annales criminelles, va atteindre quarante ans d’âge.
Pour autant, le casting de la BD rase les murs. Jean-Marie Villemin a prévenu : il ne rencontrera