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Justice

Escroquerie à la taxe carbone : Marco Mouly se rend au tribunal de Paris en vue de son incarcération après cinq jours de cavale

L’affairiste devenu figure des réseaux sociaux doit passer dix-huit mois en détention après la révocation d’un sursis dans une arnaque datant de 1998-1999.
Marco Mouly, au tribunal de Paris, le 13 mars 2024. (Thomas Samson/AFP)
publié le 13 mars 2024 à 16h33

Cinq jours, qui ont commencé ainsi : «Bah ouais, je défie la police.» Et se terminent en : «Je me rends.» Marco Mouly, figure de l’escroquerie géante à la TVA sur le marché du carbone, avant de devenir grande gueule du PAF chez Hanouna, a fini par se rendre à la justice ce mercredi 13 mars. Vêtu de noir des pieds à la tête, une chaîne autour du cou, il est arrivé au tribunal judiciaire de Paris en début d’après-midi, deux gros sacs de voyage dans les mains, en vue de son incarcération après la révocation partielle de son sursis. «Je ne vais pas en cavale, je me rends, la cavale n’existe plus», a-t-il déclaré à la presse dans le hall du tribunal. «L’estomac est là, ça fait flipper d’aller en prison», a-t-il confié, avec sa gouaille habituelle : «C’est un peu dur pour moi d’aller en prison» alors que «la procédure a trente ans».

Dans une décision rendue vendredi 9 mars, une juge d’application des peines a ordonné la révocation partielle à hauteur de dix-huit mois d’une peine de trois ans d’emprisonnement, prononcée en avril 2019 à son encontre par la cour d’appel de Paris, pour escroquerie réalisée en bande organisée courant 1998 et 1999. La magistrate a estimé que plusieurs obligations fixées à Marco Mouly n’avaient pas été respectées.

Concernant celle de travailler, l’intéressé occupait «un emploi fictif» de community manager, selon la juge, et «il a fourni à la justice des fausses fiches de paie, sur fond d’organisation bien huilée». Dans le même temps, il a indiqué lors d’une audition travailler à un second livre et avoir décroché un rôle principal dans un film qui doit être tourné prochainement.

Marco Mouly n’a pas non plus réglé en totalité l’amende, le juge notant un reliquat de 11 569 euros sur les 15 000 euros dus. Il doit par ailleurs des sommes très importantes dans le cadre de ses autres condamnations, toutes affaires confondues, selon la décision. Cette peine de trois ans de prison était assortie d’un sursis probatoire sur une période de trois ans. La date d’expiration du délai de probation était fixée au 20 janvier 2024.

«C’est quand même étrange qu’on ait essayé de le faire chuter pour la plus petite de ses amendes, avait déclaré un peu plus tôt à l’AFP son avocat, Me Philippe Ohayon. Si toutes les personnes condamnées à une peine de sursis avec mise à l’épreuve étaient scrutées comme M. Mouly, ils seraient des dizaines de milliers à partir en détention.»

La série télévisée lui a fait «très, très mal»

Mediapart, qui avait pu parler vendredi avec Marco Mouly, avait annoncé qu’il prenait la fuite, tout en précisant ne pas être en mesure de vérifier si c’était bien le cas. Le principal intéressé avait dit sur C8 dans la soirée que cela était «faux». Devant la presse mercredi, Marco Mouly a accablé le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi, auteur de cet article et également de l’ouvrage D’argent et de sang, adapté dans une série à succès sur Canal +.

Il a inspiré le rôle de Fitous, un arnaqueur de Belleville prêt à tout pour s’accomplir, incarné par Ramzy Bedia. «Le problème, c’est que le film m’a fait très, très mal», a encore déclaré Marco Mouly. «Encore une fois, c’est basé sur des faits réels» mais la série reste «une fiction», a-t-il affirmé.

Marco Mouly, né en mai 1965, a aussi été au centre de la série documentaire de Netflix les Rois de l’arnaque. Fin juin 2017, il était condamné en appel à huit ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende dans l’affaire dite de la taxe carbone, vaste fraude à la TVA sur le marché des droits à polluer, aux côtés d’Arnaud Mimran. Avec les autres principaux prévenus du dossier, ils avaient été condamnés à verser 283 millions d’euros de dommages et intérêts à l’Etat. Il avait été placé en semi-liberté en avril 2020 puis en liberté conditionnelle.