Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, la plupart poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict prévu d’ici au 20 décembre.
Nom : Adrien Longeron
Age : 34 ans
Profession : chef de chantier
Faits : une venue, le 14 mars 2014
Statut : détenu depuis octobre 2020 pour d’autres faits de viols et violences envers d’ex-compagnes
Peine requise : 13 ans
Verdict : 6 ans de réclusion criminelle avec mandat de dépôt.
Pour interroger Adrien Longeron en 2021, les enquêteurs ont dû se rendre à la prison du Pontet, où ce chef de chantier était incarcéré dans l’attente de son procès : en janvier dernier, il a été condamné en appel à quatorze ans de prison pour viols et violences sur trois de ses ex-compagnes. Fils choyé d’une famille aisée, le trentenaire raconte avoir basculé dans le sombre après la «trahison» de son amour de jeunesse : tombée enceinte alors qu’il n’a que 18 ans, il apprend plus tard qu’il n’est pas le père biologique de l’enfant. «J’avais la haine envers les femmes», confie-t-il. Il se noie dans le libertinage, fréquente les clubs échangistes jusqu’à en «perdre les pédales». Sa nouvelle compagne vient d’accoucher quelques jours plus tôt lorsqu’il se rend chez Dominique Pelicot, en mars 2014, pensant participer à un «jeu libertin».
«Je ne me suis pas posé plus de questions que ça…» répète-t-il. Lui qui n’avait que 23 ans, Dominique Pelicot l’aurait mis en «confiance», guidant tous ses gestes – il dira même aux enquêteurs avoir eu le sentiment d’être traité «comme un bout de viande». Il ne savait pas, insiste-t-il, que Gisèle Pelicot était droguée. «A partir du moment où le mari était présent, il n’y a pas viol», avait-il aussi argumenté lors de l’instruction, reconnaissant qu’il ne lui avait pas demandé son consentement. A la barre, il tente de rétropédaler, tout en niant les faits : «Je suis vraiment désolée pour madame Pelicot, ça aurait pu être quelqu’un de ma famille. Aujourd’hui, ce ne serait pas le même déroulement. Mais en 2014, je n’ai pas l’impression de faire du mal.»