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«Je ne suis pas un violeur dans l’âme» : le profil de Thierry Postat, condamné au procès des viols de Mazan

Procès des viols de Mazandossier
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Jugés depuis trois mois à la cour criminelle départementale du Vaucluse, Dominique Pelicot et 50 hommes sont accusés d’avoir violé son ex-épouse sous soumission chimique. Parmi eux, Thierry Postat assure qu’il pensait participer à un «jeu consenti» entre époux.
par Stéphanie Harounyan, correspondante à Marseille
publié le 10 décembre 2024 à 5h14

Pendant plus de trois mois, Libération a suivi le procès des viols de Mazan au tribunal judiciaire d’Avignon. Le principal accusé, Dominique Pelicot, est l’architecte d’un système tentaculaire de violences sexuelles sous soumission chimique, dans le cadre duquel il a violé et fait violer celle qui était alors sa femme, Gisèle Pelicot, par des inconnus recrutés en ligne. A ses côtés, 50 coaccusés se sont succédé à la barre de la cour criminelle départementale du Vaucluse. Libération dresse les profils de ces hommes, la plupart poursuivis pour «viol aggravé», avant le verdict rendu ce jeudi 19 décembre.

Nom : Thierry Postat

Age : 61 ans

Profession : artisan frigoriste

Faits : une venue la nuit du 21 au 22 août 2020

Statut : placé en détention provisoire depuis son interpellation en septembre 2021

Peine requise : 14 ans de prison et interdiction de 10 ans d’avoir une activité en lien avec les mineurs, pour viols aggravés et détention d’images pédopornographiques

Verdict : 12 ans de réclusion criminelle, interdiction définitive d’avoir une activité en lien avec les mineurs.

Thierry Postat insiste depuis le box : il n’est pas un «violeur dans l’âme», comme d’autres, il n’avait pas «l’intention» de commettre le viol qu’il ne peut que reconnaître. Ce père de trois grands enfants se présente comme un homme sans histoires, une personne «bienveillante» passionnée de moto et de basket. Les images pédopornographiques que les enquêteurs ont trouvées dans son téléphone n’auraient atterri là que pour satisfaire sa «curiosité». Il n’en a gardé que «quelques-unes», comme une «collection». «Quelques-unes», soit 656 photos et 419 vidéos, pointe l’avocat général, en plus de conversations explicites.

Lorsqu’il se rend à Mazan cette nuit-là, cet adepte du libertinage, célibataire depuis quelques années, pense participer à une soirée «triolisme», un «jeu consenti» entre époux, raconte-t-il à la cour. Le président lui renvoie ses nombreux échanges avec Dominique Pelicot avant son arrivée, où il est question de «médocs» qui n’ont pas encore fait leur effet et de nécessité d’attendre un peu. Le retraité lui aurait expliqué que sa femme venait de subir une intervention dentaire, se justifie-t-il à la barre, elle aurait pris des médicaments pour se soulager. Ce n’est qu’après plusieurs pénétrations, lorsqu’il constate que Gisèle Pelicot est dans un «assoupissement notable», qu’il se dit que ce couple «va un peu loin» : «Mais je suis là pour leur faire plaisir. Ils regarderont la vidéo demain, donc je continue», poursuit-il. Non, il n’a pas eu la «lucidité» de lui demander son consentement : «Je m’excuse d’avoir été crédule. J’ai fait confiance à monsieur Pelicot.»